Rentrée scolaire 2024 : « Tu vas t’habituer »… Dans ce collège, le portable est interdit au grand regret de certainsSportuneBébés et MamansMinutes Maison
Caroline Girardon 06 Sep 2024,16:41
11h55. Dans cinq minutes, la cloche sonnera pour signifier la fin des cours. En attendant, ils s’activent pour sortir les boîtes soigneusement rangées dans le bureau du CPE. Dans chacune d’entre elles, des dizaines de pochettes en plastique renfermant les téléphones portables des élèves. A Oullins, près de , le Marcel-Pagnol a fait le choix d’expérimenter .
« Autant commencer maintenant, sourit le principal Yann Durozad. Plus on anticipe, mieux on saura gérer. » Cette mesure, , devrait être généralisée dès janvier 2025. Ici, la question s’est posée très rapidement. Un premier test avait été lancé en juin dernier lors du « bal des 3es », où les portables ont été bannis. « On a installé une PhotoBox pour que les élèves puissent avoir des photos souvenir. Résultat, ils étaient libérés et se sont amusés sans leurs téléphones », poursuit-il, convaincu qu’il fallait se lancer dans le grand bain lors de cette rentrée.
« On ne peut pas avoir un adulte derrière chaque élève »
L’objectif est double : lutter contre les risques de cyberharcèlement et désintoxiquer les plus accros. « Les élèves sont addicts à l’objet, constate le principal. Ils ne peuvent pas s’empêcher de regarder l’heure ou s’ils ont des notifications. » Pourtant, les téléphones sont déjà interdits dans les établissements scolaires depuis 2018. Ils doivent être éteints et rangés au fond du sac. En réalité, ils ne sont jamais bien loin et souvent encore allumés.
« Ici, on a 350 élèves, on ne peut pas avoir un adulte derrière chacun d’entre eux pour vérifier qu’ils ne regardent pas discrètement leur téléphone », poursuit Yann Durozad qui a décidé d’instaurer cette mesure auprès des 6es uniquement. « Plus on commence tôt, plus il est simple de changer les comportements. »
Car dans la cour de l’établissement, on sent les « plus grands » déjà réticents à cette idée. « Un téléphone, c’est intime. Moi, j’ai pas envie de le laisser comme ça, annonce Zahira, élève de 4e au look sportif. Je ne fais pas confiance. » « C’est un peu sévère, les téléphones sont déjà interdits. Le mien, je ne m’en sers pas en cours », abonde sa copine Ambre. Dyna n’est guère plus convaincue : « Ils devraient confisquer les portables à ceux qui se font toujours pincer mais pas aux autres. Pas à ceux qui restent tranquilles. »
Ceux qui oublient se font « cramer »
A l’heure de récupérer le sien, Pauline, 6e aux taches de rousseur, ne s’en plaint pas. « C’est une bonne chose parce que ça ne permet pas rester trop sur les écrans. » Un brin accro ? « Oui, j’ai tendance… », répond l’élève, sourire gêné. « Ça m’aide à me concentrer et à mieux écouter », confirme Beyram du haut de ses 10 ans. « Avant, quand on entendait une sonnerie, on regardait d’où ça venait. Là, au moins, on n’est pas perturbé », appuie sa sœur Lina.
« C’est une très mauvaise chose », la contredit Fella, vêtue d’un sweat violet et pochette en main. Pourquoi ? Haussement d’épaules. « Je pense que c’est mieux de les garder et de les mettre en mode silence ou avion. ». Si Zaïneb, s’est pliée à la règle de bonne foi, elle reconnaît que « parfois, son téléphone lui manque. Je suis contente de le retrouver à la sortie. » « Tu vas t’habituer », rigole Darith au sourire espiègle. Et d’enchaîner : « L’autre jour, il y a un élève qui n’avait pas déposé son téléphone. Il s’est fait cramer. »
« Favorable » à cette mesure, Marie-Laure Duret, prof d’EPS et prof principal n’a pas encore « assez de recul » pour voir des changements parmi ses élèves. « Au moins, ils ne sont plus tentés de regarder leurs portables », sourit-elle, précisant qu’elle n’a « pas eu de réfractaires ». « Ils se plient facilement au règlement », ajoute-t-elle. Les familles aussi, visiblement. « Cette semaine, on a vu parfois deux téléphones dans les pochettes. Il y avait celui de l’élève de 6e et celui du grand frère ou de la grande sœur, relate Yann Durozard. Les parents, d’eux-mêmes, ont eu le réflexe. »