Notre-Dame de Paris : Vitraux intacts mais enlevés dans la nouvelle mouture, pourquoi la controverse s’enflamme ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison
Hélène Ménal 14 Sep 2024,16:40
Le temps et les ont épargnés mais pas « la trace du XXIe siècle » que veut imprimer sur Notre-Dame de Paris. Le sort des six vitraux indemnes des six chapelles du « bas-côté de la nef », conçus par Viollet-le-Duc, enflamme les amoureux du patrimoine. De nouveau. Car le premier épisode de cette polémique s’est joué le 8 décembre 2023. Ce jour-là, la création prochaine d’un « Musée de l’œuvre de Notre-Dame » à l’Hôtel-Dieu qui accueillera à terme ces six verrières en grisaille, remplacées par des vitraux plus « contemporains ».
Cette idée de toucher à l’harmonie de l’œuvre du grand architecte, « fidèle aux origines gothiques de la Cathédrale », et de « déposer » [enlever] des œuvres protégées, au même titre que l’édifice, par leur inscription aux Monuments historiques, a déclenché, comme souvent avec Notre-Dame, une levée de boucliers.
Une pétition bien revigorée
Parmi les spécialistes les plus scandalisés, Didier Rykner, le fondateur du magazine en ligne . Il a lancé le 11 décembre pour que, dit-il à 20 Minutes, ces œuvres « qui ont un sens à cet endroit et n’en auraient pas ailleurs » restent dans leur écrin originel. « Il est absurde de penser que ces vitraux aux motifs géométriques pourraient être tous exposés ailleurs, aucun musée ne pourra les exposer dans la même salle, si ce n’est au détriment d’autres œuvres », plaide-t-il. Le journaliste est soutenu dans sa démarche par l’association , prête, s’il le faut, à engager un recours en justice.
La pétition a trouvé son étiage « aux alentours des 142.000 signatures ». Jusqu’à une nouvelle étincelle, le 4 septembre, sous la forme d’un communiqué de la ministre de la Culture Rachida Dati. En dépit de l’avis négatif, certes uniquement « consultatif », des experts de la Commission nationale du patrimoine et de l’Architecture (CNPA), elle y liste les huit artistes verriers et ateliers présélectionnés pour les vitraux contemporains. Nouvelle enflammade. La pétition gagne plus de 40.000 signataires en moins d’une semaine, donc celle de Jordan Bardella qui l’a fait savoir sur X – « on ne choisit pas ses signataires », commente le spécialiste dont le « combat est apolitique » .
Quand #saccagenotredame apparaît
Le texte côtoie même désormais en ligne, , sur une autre plateforme prolixe en appels antivax. Tout en développant les mêmes arguments de fond que la première, elle lui donne un enrobage très provoc : elle est intitulée « N’acceptons que les vitraux de Notre-Dame soient dénaturés par l’idéologie WOKE ! » et illustrée par des vitraux où un Emmanuel Macron androgyne se drape notamment dans une toge arc-en-ciel. « Absurde » aussi, commente Didier Rykner, « l’affaire n’a rien à voir avec le wokisme. Ici, on est juste dans l’ego et l’ignorance ». Cette saison 2 de la polémique sur les vitraux est aussi accompagnée depuis le 7 septembre par l’apparition d’un hashtag . Si Didier Rykner, en critique acerbe de la politique patrimoniale d’Anne Hidalgo, utilise parfois #saccageparis, il n’est pas partisan de sa version « Notre-Dame ». « La cathédrale est plutôt pas mal restaurée », admet le spécialiste. Du moment que les vitraux intacts ne partent pas en exil.