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Ligue des champions : « Ton corps dit stop »… Kylian Mbappé et tous les jeunes cracks seront-ils cramés à 30 ans ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison Ligue des champions : « Ton corps dit stop »… Kylian Mbappé et tous les jeunes cracks seront-ils cramés à 30 ans ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Ligue des champions : « Ton corps dit stop »… Kylian Mbappé et tous les jeunes cracks seront-ils cramés à 30 ans ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

admin 17 Sep 2024,16:40

Le cadre d’un tout premier match de avec le à Santiago Bernabeu nous permettra-t-il de retrouver prime , cet attaquant inarrêtable volant sur toutes les pelouses d’Europe ? La question volontairement provoc', en amont de la réception de Stuttgart ce mardi (21 heures), pointe une réalité : la méforme tenace du capitaine des Bleus en 2024 est troublante pour une superstar de seulement 25 ans.

Et elle pose par rebond une autre question : le combo précocité ultime des jeunes talents, lancés dans le monde pro avant leur majorité + surcharge de plus en plus démente des calendriers peut-il encore permettre aux cracks actuels de projeter leur carrière au-delà de 30 piges ?

« Il y aura une usure prématurée »

L’ancien entraîneur des Girondins de Bordeaux et de l’OM complète le diagnostic : « Aujourd’hui, les jeunes joueurs commencent de plus en plus tôt, et ils n’auront peut-être pas la longévité de (39 ans) ou de Lionel Messi (37 ans) car il y aura une usure prématurée. Le nombre de matchs est plus conséquent en sélection, le nouveau format de la Ligue des champions va aussi proposer plus de rencontres [8 en première phase, contre 6 avant]. Faire dix saisons avec des matchs tous les trois jours, ça n’est pas possible ». Voici quelques chiffres riches en symbolique pour montrer que « le football, il a changé ».

  • A 17 ans et 2 mois, le récent vainqueur de l’Euro Lamine Yamal a déjà participé à 72 matchs professionnels, entre le et la sélection espagnole, soit au total 4.438 minutes de jeu. Son idole avait attendu d’avoir 17 ans et 3 mois pour disputer son premier match pro avec le Barça, en octobre 2004.
  • A 25 ans, Kylian Mbappé cumule déjà 460 matchs et 35.064 minutes professionnelles. Des chiffres sans commune mesure avec le bilan au même âge de , son compatriote et prédécesseur au Real Madrid : 375 matchs et « seulement » 23.587 minutes jouées, soit un tiers de moins que « Kyky ».
  • Le constat est encore plus criant du côté de deux références allemandes de générations bien distinctes. Florian Wirtz a ainsi disputé 11.501 minutes sur les terrains pros avant ses 21 ans (malgré six mois off après ses croisés en 2022), contre 4.175 pour Michael Ballack au même âge.
Si les affres du football pro en 2024 ont raison du délicieux duo allemand Jamal Musiala-Florian Wirtz, on ne répond plus de rien.  - M. Probst/AP/SIPA

Un rythme de matchs « intolérable » ?

Hasard ou coïncidence, l’ancien taulier du Bayern et de Chelsea a pu étirer sa carrière jusqu’à 36 ans, et il n’est pas certain du tout que Florian Wirtz en fasse de même. Pas plus que toutes les pépites de la Masia lancées en pleine adolescence dans le grand bain depuis dix ans, et qui collectionnent blessures et méformes, d’Ansu Fati à Pedri (21 ans) en passant par Gavi (20 ans) et même Marc Bernal, gravement touché au genou le mois dernier à 17 ans, après trois matchs de avec le Barça.

« Je ne pense pas qu’un joueur va se cramer physiquement parce qu’il a 17 ans, et que ça ne serait pas le cas s’il en avait 22, nuance , préparateur physique travaillant avec plusieurs footballeurs pros. Ça n’est pas l’âge des joueurs mais le rythme des matchs qui est devenu dingue, et même intolérable à mon avis. Il y a des exemples pas si lointains de joueurs ayant connu une immense carrière au-delà de 40 ans, comme Paolo Maldini et . Là, je ne vois pas comment Kylian Mbappé pourrait avoir perdu ses qualités d’explosivité et ses accélérations à 25 ans, c’est intrigant. »

Les larmes de Cherki à chaque fin de saison

Tout en soulignant « les énormes progrès scientifiques » pour optimiser la récupération des athlètes, Xavier Frezza déplace sa réflexion : « Plus que sur le plan physique, ces cadences de matchs ne sont surtout pas bonnes du tout pour la santé mentale ». On repense aussitôt à (21 ans) en avril dans So Foot, avec un aveu lourd de sens : « A chaque fin de saison, je rentrais chez moi, je m’asseyais avec ma mère, et je pleurais. Parce qu’il fallait que toute la pression et la charge émotionnelle de l’année s’en aillent ».

Les jeunes joueurs sont très tôt sur un fil, et leur longévité au plus haut niveau dépend aussi forcément de leurs choix de carrière. Ancien joueur professionnel en Angleterre, Kelly Youga (38 ans) regrette ainsi la décision de l’entourage de son prometteur neveu de quitter en 2018 son club formateur, l’OL, dès l’âge de 16 ans, malgré déjà quatre apparitions avec le groupe professionnel. « Willem aurait pu devenir un extraterrestre mais l’urgence et l’appât du gain de certaines personnes dans son encadrement en ont décidé autrement, pointe celui qui dirige désormais . Avec du travail, il n’est peut-être pas trop tard. »

« Le football, c’est du marathon et pas du sprint »

Mais six ans après un juteux transfert à l’ (20 millions d’euros), l’attaquant évolue dans l’anonymat du milieu de tableau de D1 suisse (12 buts avec le FC Saint-Gall depuis 2022). Une trajectoire à des années-lumière de celle de Karim Benzema, pour qui Kelly Youga jouait un rôle de « grand frère » au centre de formation de l’OL.

« Le football, c’est du marathon et pas du sprint. Ça demande d’énormes capacités mentales et une autodiscipline drastique, comme Karim Benzema durant tant d’années à Lyon et au Real Madrid. L’étape CFA/National 2 avec l’équipe réserve a longtemps eu valeur de baccalauréat. Elle permettait aux jeunes de se confronter à des hommes. Mais certains veulent griller les étapes et évoluer d’emblée en Ligue 1. »

Kelly Youga

Une impatience qui peut avoir des conséquences sur la suite d’une carrière professionnelle souvent vite usante. « Rien qu’avec les rassemblements en équipes de France U18, U19 et U20, j’avais chaque été une dizaine de jours de vacances maximum, se souvient Enzo Reale, ex-grand espoir de l’OL au début des années 2010 qui n’a jamais réellement percé en . Même moi qui ne jouais pas avec les pros, j’en arrivais à me dire que je préférerais ne pas être retenu pour le tournoi international Espoirs de Toulon en fin de saison. C’est grave d’en arriver à raisonner comme ça, mais au bout d’un moment, ton corps dit stop. »

Opposé à un certain Thiago Alcantara, Enzo Reale a disputé la finale de l'Euro U17 sous le maillot tricolore, en 2008 en Turquie. - AP/SIPA

« Un footballeur doit tout le temps être sous contrôle »

Ces dernières années, quelques joueurs majeurs sont montés au créneau sur le sujet de ces cadences infernales du foot pro, comme , , Virgil Van Dijk et Kevin De Bruyne. Pour chacun d’eux, l’usure mentale n’est pas à négliger.

Préparatrice mentale dans la région toulousaine, (33 ans) pointe les principaux dilemmes touchant nos footballeurs en 2024 : « Chaque athlète veut trouver de la place pour exister socialement dans sa vie, en tant que personne. Des sportifs professionnels me confient parfois leur regret de ne pas pouvoir assister au mariage d’amis car ils ont une compétition ce jour-là. Et puis être footballeur pro, c’est aussi être responsable de communication, ambassadeur, gestionnaire de carrière, tenir un rôle d’exemple, tout le temps être sous contrôle, il y a de quoi être épuisé ».

Et comment, dur de se projeter dans un tel panorama général sur de futurs quadras fringants, type Pepe et Dante. « Pour l’instant, personne n’a de recul parce que ce phénomène de matchs enchaînés à un rythme démentiel est encore assez nouveau, et c’est la grosse interrogation sur ce sujet », note Xavier Frezza.

Pepe, dernier héros quadra de la galaxie football ? - A. Franca/AP/SIPA

« L’usure mentale entraîne l’usure physique »

Existe-t-il un monde où nous sommes condamnés à ne plus avoir de trentenaires dominants sur les pelouses d’Europe, d’ici les années 2030-2040 ? « Pour moi, c’est encore possible de commencer très jeune et de tenir largement après 30 ans, mais en fonction de l’impact du calendrier », insiste Xavier Frezza, qui cite en argument ultime le Championship anglais… et ses 46 journées au programme !

Désormais milieu de terrain en National 2 à Goal FC, Enzo Reale (32 ans) est encore moins optimiste : « Les jeunes de 17-18 ans me semblent être bien plus costauds qu’à mon époque. Ce sont très vite des bêtes athlétiques et ça me semble plus dur de tenir avec la même longévité qu’avant dans ce football-là. Plus tu joues tôt et plus tu prends de la valeur, ce qui arrange tout le monde dans le foot. C’est selon moi l’usure mentale qui entraîne l’usure physique ». Vous aussi, vous avez hâte de découvrir l’état de fraîcheur de nos champions lors de la première édition de cette déjà indispensable l’été prochain ?

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