Le rappeur américain Sean « Diddy » Combs, après plusieurs plaintes pour agression sexuelle, a été inculpé pour trafic sexuel et extorsion, indique mardi l’acte d’inculpation du parquet fédéral de .

« Pendant des décennies », Sean Combs « a abusé, menacé et contraint des femmes et d’autres autour de lui à satisfaire ses désirs sexuels, protéger sa réputation et cacher ses actes », peut-on lire sur ce document que s’est procuré l’AFP. Les procureurs fédéraux l’accusent de s’être servi de son « empire » dans la musique pour arriver à ses fins.

Selon eux, c’est tout un système que le rappeur aurait mis en place : il « s’est appuyé sur les employés, les ressources et l’influence de l’empire commercial multi-facettes qu’il dirigeait et contrôlait pour créer une entreprise criminelle dont les membres se sont livrés […] au trafic à des fins d’exploitation sexuelle, au travail forcé, à l’enlèvement, à la corruption et à faire obstruction à la justice », détaille l’acte.

Le producteur de musique va plaider non coupable des chefs d’accusation, a annoncé son avocat en arrivant au tribunal. « Il n’est pas coupable, il est innocent de toutes ces accusations », a déclaré son avocat, Maître Marc Agnifilo, en arrivant au tribunal fédéral de Manhattan. Son camp est « déçu de la décision du bureau du procureur de continuer ce que nous estimons être des poursuites injustes à l’encontre de M. Combs », a ajouté Me Agnifilo. Selon le conseil, son client se trouvait « volontairement » à New York pour « se rendre » et souhaite coopérer à l’enquête afin de « pouvoir laver son nom au tribunal ».

Figure bling-bling du hip-hop

Artiste aux multiples surnoms et aux multiples casquettes dans le monde de la musique et des affaires, P. Diddy, 54 ans, est décrit par ses victimes présumées comme un prédateur sexuel violent, qui utilisait alcool et drogues pour obtenir leur soumission.

Sous les surnoms Puff Daddy, , Diddy et bien d’autres, il s’est imposé comme une figure du hip-hop, au micro ou à la production. Passé chez Uptown Records, le New-Yorkais a ensuite fondé le label Bad Boy Records en 1993, où il produit des légendes comme Notorious B.I.G. ou Mary J. Blige. Son album « No Way Out » a reçu le Grammy du meilleur disque de rap en 1997.

Il a accumulé une immense richesse au fil des décennies, notamment en diversifiant ses activités dans l’industrie de l’alcool. P. Diddy est ainsi devenu l’image du rap bling-bling, n’hésitant pas à faire étalage de ses diamants, ses yachts et autres costumes sur mesure. En 2019, le magazine Forbes estimait à 740 millions de dollars sa fortune personnelle, qui aurait aujourd’hui fondu de moitié sous le poids d’investissements hasardeux et d’une réputation gravement entachée.

Une dizaine de plaintes qui remonte aux années 2000

Cependant, malgré ses efforts pour cultiver l’image d’un magnat du hip-hop, une série de plaintes décrivent Combs comme un homme violent qui utilise sa célébrité pour s’attaquer aux femmes. Le rappeur est visé depuis début juillet par une plainte d’une ancienne actrice de films X, Adria English. Elle accuse Sean Combs de s’être servi d’elle « comme d’un pion sexuel pour le plaisir et le bénéfice financier d’autres personnes » lors de soirées dans les Hamptons, dans l’Etat de , et en Floride, entre 2004 et 2009.

Au total, neuf plaintes ont été déposées contre le rappeur depuis novembre 2023. Dans l’une d’elles son ancienne compagne « Cassie » Ventura l’accuse d’un viol en 2018 et d’avoir eu un « comportement violent » et « déviant » durant une décennie, la forçant notamment à des rapports avec des hommes prostitués.

Dans une vidéo datant de 2016, P. Diddy se déchaîne contre elle. On y voit le rappeur l’attraper brutalement et la projeter violemment au sol, avant de lui asséner plusieurs coups de pied. L’affaire a été réglée « à l’amiable » selon un accord confidentiel. Une autre femme affirme avoir été violée collectivement par le rappeur et deux autres hommes lorsqu’elle avait 17 ans. P. Diddy a systématiquement nié ces accusations.