«Si vous me sortez de "", l’émission se fera quand même – il y a déjà eu cinq animateurs avant moi. Là, "On n’est pas d’accord" repose sur la façon dont je vais essayer de gérer les conflits et j’ai une obligation de résultat. Si, ce jour-là, je ne suis pas concentré et si je n’arrive pas à trouver le moyen d’avancer sur le dossier, on se retrouve avec deux personnes qui repartent comme elles sont venues. »

Pour son nouveau concept, lancé ce mercredi à 21h10 sur M6, retrouve le costume qui lui colle à la peau : celui de superhéros de la médiation avec pour mission de pacifier les litiges.

Depuis trente ans, de l’animation de «  » sur TF1 à la coproduction de « La guerre des voisins » pour RMC Story la saison passée en passant par « Les voisins vont-ils se mettre d’accord ? » en 2006, toujours pour la première chaîne, et « Ça peut vous arriver » sur RTL et , Julien Courbet s’est fait une spécialité de la lutte contre les arnaques et de la résolution des tensions.

« C’est dans l’air du temps, à une période où personne n’arrive à se mettre d’accord »

« Cette nouvelle émission est dans mon domaine de compétences, euphémise-t-il. Ce sont des choses qu’on a déjà faites dans le passé mais jamais comme ça. C’est dans l’air du temps, surtout à une période où personne n’arrive à se mettre d’accord et tout le monde dit "C’est moi qui ai raison" », a expliqué l’animateur lors d’une conférence de presse début juillet, en faisant référence aux partis du peinant à se mettre d’accord sur le choix d’un « premier ministrable ».

Au sommaire de ce premier numéro d'« On n’est pas d’accord », des conflits classiques : une néorurale en guéguerre avec les agriculteurs qui font paître leurs vaches cloches au cou à côté de chez elle, des amis brouillés pour une histoire de 4x4 mal retapé, deux voisins incapables de se mettre d’accord sur une taille de haie…

Une impression de déjà-vu que la production s’attache à dissiper dans un dispositif qui se veut inédit. « C’est moderne, assure Julien Courbet. On est dans une sorte de huis clos, ce qui a rarement été fait en prime où on a généralement tendance à mettre beaucoup d’images. Là, on a décidé de jouer les regards, de miser sur l’espace restreint avec des gens tout autour mais pas beaucoup. »

« Je ne suis pas juge et je ne le serai jamais »

L’émission a été tournée à la Cité internationale universitaire (Paris 14e). Ambiances boiseries baignées de lumière où les fâchés et les fâcheux témoignent devant une assistance clairsemée. « On tenait à ce qu’il y ait une certaine solennité afin que les intervenants n’aient pas l’impression d’être sur un plateau télé. On souhaitait aussi éviter l’écueil du décor tribunal. Je ne suis pas un juge et je ne le serai jamais, précise Julien Courbet. On ne voulait pas que ce soit un show pop-corn à la mettez-vous-sur-la gueule-et-on applaudit-à-la-fin. »

En tant que téléspectateur ou téléspectatrice, difficile de ne pas prendre parti sur le cas exposé et de réfréner son envie de sortir le pop-corn. « Il y avait beaucoup de pauses pendant le tournage et j’ai donc passé un peu de temps avec les personnes du public : C’est fou, on s’aperçoit que chacun à un avis », raconte l’animateur qui pense que « les gens vont se reconnaître » dans les affaires exposées. Aussi, il espère que, plutôt que de se réjouir d’assister à un potentiel pugilat, celles et ceux qui suivront l’émission s’intéresseront à la résolution des problèmes.

« Mon job, dans un premier temps, c’est de laisser les personnes venues exposer leur différend, sortir tout ce qu’ils peuvent pour faire retomber le soufflé et, ensuite, les amener au compromis, poursuit-il. Notre objectif est de faire comprendre aux gens que ce n’est pas tout blanc ou tout noir mais qu’il y a un compromis à trouver. Or, tout le monde veut avoir raison. »

« L’échec fait partie de l’émission »

Julien Courbet a le sentiment d’effectuer « un vrai travail de psychologie ». « Je suis obligé de composer avec les humeurs et la sensibilité des uns et des autres. Parfois ça part très loin. Mais dès que je sens qu’il y en a un prêt à faire un petit pas, je m’immisce dans la brèche pour m’accrocher à ça absolument », explique-t-il.

S’il reconnaît que « l’échec fait partie de l’émission » et que c’est « ce qui lui donne sa crédibilité », il promet « des résultats assez surprenants » : « Quand les deux parties arrivaient sur le plateau, parfois, je me disais que l’histoire allait mal finir. Et puis on a abouti à de très bons résultats parce que les gens se sont parlé. »

Au fil du temps, « certains ne vivent que pour le conflit »

« Ce n’est pas une simple médiation. Réunir deux parties en conflit, ce n’est pas facile, souligne Stéphane Rak, producteur chez Studio 89. Le but est qu’ils se mettent d’accord après avoir discuté, débattu, s’être engueulés. S’ils n’y arrivent pas, ils s’engagent à ce que Julien tranche pour dire qui a raison ou tort et, ensuite, à respecter la solution qu’il va leur proposer par rapport à son expérience. »

« J’ai constaté, au fil des années, que les gens se laissent souvent entraîner par leurs émotions et, quand il y a un petit conflit, au lieu de se poser et d’en parler, ils montent dans les tours chaque jour un peu plus. Et ensuite, ils ne vivent que pour le conflit sans chercher à en sortir. Ils disent chaque matin en se levant : "Qu’est-ce qu’il est allé inventer encore, l’autre, pour m’emmerder ?" C’est bête à dire, mais il suffirait d’avoir le recul nécessaire, de se poser. » Mais ça ferait quand même moins de linge sale à laver à la télé.