C’est le fruit d’un « long processus ». Dans paru mardi 27 août, l’actrice Caroline Ducey affirme avoir été violée durant le tournage de Romance de Catherine Breillat sorti en 1999. Des accusations qu’elle renouvelle dans son ouvrage La prédation (nom féminin), où elle explique aussi être tombée sous l’emprise de la réalisatrice.

Romance raconte les expériences sexuelles d’une jeune femme, Marie, interprétée par Caroline Ducey, 21 ans à l’époque. Dans ce film, parfois pornographique, de nombreuses scènes de sexes ne sont pas simulées. « Ni dans le scénario originel, ni dans le contrat que je signerai plus tard, il n’est question que ces scènes [de sexe] ne soient pas simulées », affirme la comédienne dans Le Nouvel Obs. Elle envoie une lettre à Catherine Breillat en lui demandant « de ne pas me forcer à faire des choses que je ne voudrais pas », mais n’obtient pas de réponse avant le tournage.

« Un trou noir »

Selon l’actrice, lors d’une première scène avec François Berléand, la réalisatrice exige qu’il « fasse le geste [d’une pénétration digitale] pour de vrai ». L’acteur refuse, mais Catherine Breillat insiste. Il leur faudra « ruser » pour simuler l’acte, raconte Caroline Ducey.

Plus tard dans le tournage, « j’entends Catherine [Breillat] crier qu’elle a besoin de moi. J’arrive, elle me dit qu’elle a changé d’avis et qu’il faut que nous tournions, lui et moi, une scène de sexe », poursuit l’actrice. « Lui », c’est , un acteur de films pornographiques. « Je sens son sexe qui essaie d’entrer en moi, mais mon corps se ferme. Rocco a l’élégance de ne pas me forcer. Quelques jours plus tard, pourtant, je serai violée sur le plateau », affirme-t-elle.

Selon la comédienne, les faits se déroulent dans une autre scène. « Je dois entendre les mots "" et "sodomie", mais à ce stade, je ne sais même plus ce que j’entends. Catherine me demande d’enlever mon collant et ma culotte, pour des raisons de "réalisme". Je m’exécute. On lance le moteur. Je ressens une brûlure intense : Reza [l’homme qui joue la scène avec elle] m’a fait un cunnilingus. Je perds connaissance, je plonge dans un trou noir. »

Au Nouvel Obs, l’actrice ajoute que Catherine Breillat a masturbé l’homme qui jouait la scène avec elle pour qu’il reste en érection. « Au retour de Reza sur le plateau, je lui glisse : "Tu m’écoutes moi, pas elle." Dans son regard, je vois qu’il comprend que s’il recommence, je vais le tuer », retrace Caroline Ducey. Selon elle, un assistant aurait quitté le plateau, ne pouvant « cautionner ça ».

L’actrice raconte aussi au Nouvel Obs sa longue reconstruction. « J’ai plusieurs fois tenté de porter plainte. On m’a reçue deux minutes dans le couloir d’un commissariat » rapporte-t-elle. « En 2012, je vais voir Catherine pour sortir de la soumission et lui demander si elle a eu conscience de ce qui est pour moi un viol. Elle répète en boucle : "Je savais qu’il [l’acteur] était méchant." » C’est finalement à la lecture de Triste Tigre de Neige Sinno qu’elle décide de raconter le viol qu’elle a subi.

Des accusations « délirantes »

Le Nouvel Obs a ensuite publié, ce mercredi 28 août, où Catherine Breillat dément l’accusation de viol lors de la réalisation du film : « J’affirme que Caroline n’a pas été violée sur le tournage. » Elle remet également en cause le récit de l’assistant quittant le plateau : « Chez moi, il est impossible qu’un second assistant assiste à une scène intime. » Elle juge les accusations de Caroline Ducey d’avoir masturbé un acteur lors du tournage de « délirantes » et qui « vise à [lui] nuire et à [la] rabaisser ».

Elle livre enfin une autre version à propos des scènes de sexe non simulées : « [Elle] les avait acceptées, mais ce n’était pas stipulé dans son contrat, elle était donc libre de ne pas les tourner. »