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Oasis : « Une dérive »… La tarification dynamique, mise en place pour les concerts du groupe, est-elle le fruit du démon ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison Oasis : « Une dérive »… La tarification dynamique, mise en place pour les concerts du groupe, est-elle le fruit du démon ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Oasis : « Une dérive »… La tarification dynamique, mise en place pour les concerts du groupe, est-elle le fruit du démon ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Jean-Loup Delmas 05 Sep 2024,00:42

a beau tolérer la gelée ou la pluie, il arrive que même lui finisse par s’indigner. Outre-Manche, le peuple gronde autour du démentiel des places pour les d’ l’an prochain. Et plus précisément du système qui a permis de tels montants : la tarification dynamique. C’est ce système qui, à l’ouverture de la billetterie samedi, a dopé à la testostérone certains tickets, affichés initialement à 150 livres (178 euros) et proposés à plus de 350 (415 euros).

Comment cela fonctionne ? Plus la demande est forte, plus le prix augmente. Rien de nouveau en apparence : personne ne sera surpris du fait que le caviar est cher, vu sa rareté et la fameuse « loi de l’offre et la demande ». Mais – et c’est là toute la fourberie – le prix des œufs d’esturgeons est fixé avant le début des fêtes. Alors que lors de la vente en ligne des places d’Oasis, le prix a évolué en temps réel. C’est ça, la tarification dynamique. Plutôt démoniaque, non ?

Un déséquilibre au désavantage du consommateur

Philippe Crevel, économiste et fondateur de la société d’études et de stratégies économiques Lorello Ecodata, regrette le procédé : « Le prix n’étant pas fixé en avance, il manque une information capitale aux , car le prix est un de ses guides d’achat essentiels. » Si certains caricaturent la tarification dynamique en paroxysme du décomplexé, lui y voit plus « une dérive et une déformation. Ce système n’est pas libéral, car il ne respecte pas l’équilibre d’information entre l’offre et la demande, au désavantage du consommateur ».

« La tarification dynamique répond à un problème récurrent : que faire quand il y a plus de demandes que d’offre ? », souligne Sylvain Bersinger, chef économiste au cabinet Asterès. Dans ce genre de situation – comme c’est le cas avec Oasis, où des centaines de milliers de fans se sont ruées sur les tickets –, il n’existe sommairement que deux autres options. Le tirage au sort, option notamment mise en place pour la billetterie des . Et le « premier arrivé, premier servi », que l’on peut voir dans les concerts en France.

Un système déjà existant en France

Là où ces deux moyens présentent une certaine équité, « la tarification dynamique, elle, va forcément exclure les moins fortunés. A la fin, ne reste que celui qui a la plus forte volonté de payer : soit le plus fan du groupe, soit le plus riche », reconnaît Sylvain Bersinger.

Si, pour le moment, les concerts en France sont épargnés par le phénomène, vous avez probablement déjà été confronté à de la tarification dynamique, que ce soit pour réserver des vols d’avion ou vos billets de . Qui n’a jamais vu le prix d’un ticket s’envoler en quelques heures ?

Des arguments pour ?

Sylvain Bersinger se prête au jeu de l’avocat du diable : « Les partisans disent que dans les autres alternatives, beaucoup de billets finissent par être revendus au prix fort, parfois même supérieur à ce que donnerait la tarification dynamique. Et avec celle-ci, l’argent a le mérite de revenir au groupe ou à l’événement, et non à des vendeurs peu scrupuleux. » Les événements qui utilisent cette machine infernale engrangent naturellement plus de revenus. Jusqu’à 30 % supplémentaires pour les compétitions de football, selon Malika Séguineau, directrice générale d’Ekhoscènes, le principal syndicat de producteurs du spectacle vivant, dans.

Autre avantage, la tarification dynamique marche dans les deux sens. Avec la SNCF, on pourra certes s’étrangler du prix d’un Paris-Biarritz en août, mais aussi se réjouir que celui-ci soit à seulement 30 euros en octobre.

L’acceptation-client, la limite du système

Reste que le système subit de nombreuses critiques. Au Royaume-Uni, l’Oasis-gate a même viré à l’affaire d’Etat. Pas moins de 450 plaintes de consommateurs ont été déposées, et Lisa Nandy, la ministre de Culture, a promis d’œuvrer à la mise en place d’un système « plus juste ». Le gouvernement va inclure les « sujets de transparence et d’utilisation de la tarification dynamique ».

A force de susciter les polémiques – de tels étranglements de fans avaient déjà été constatés sur les billetteries de ou de Bruce Springsteen –, la tarification dynamique, qui se démocratise de plus en plus, va-t-elle toucher un plafond de verre, celui de l’acceptation du consommateur ? « Si vous laissez totalement faire le marché, cela créer une frustration chez le client », admet Sylvain Bersinger. « Il faut parfois agir, ou limiter un peu le système ».

Philippe Crevel confirme : « Il serait souhaitable de réglementer ce genre de pratiques. Même pour la , il n’est pas normal de voir un billet devenir quatre fois plus cher pour exactement le même service. On ne peut pas justifier des augmentations à ce point, et des prix aussi variables – et inconnus du client » Don’t Look Back in Anger, le futur sera peut-être un peu moins infernal.

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