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« Il faut être très inquiet »… Quelles conséquences le déficit public a-t-il sur les ménages français ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison « Il faut être très inquiet »… Quelles conséquences le déficit public a-t-il sur les ménages français ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

« Il faut être très inquiet »… Quelles conséquences le déficit public a-t-il sur les ménages français ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Thibaut Gagnepain 05 Sep 2024,16:41

Cinquante ans que ça dure. Depuis 1974, la France n’a pas présenté un bénéficiaire ou au minimum à l’équilibre. Elle est constamment en état de depuis cette date. De combien ? C’est à chaque fois la question de l’année.

C’était 3 % de son produit intérieur brut () dès 1975 et rarement moins ensuite. Sauf au tournant des années 2000 et peu de temps avant la crise du Covid-19. Mais 2020 a été catastrophique (8,9 %) et la suite guère meilleure. (5,5 %), voire légèrement pire (5,6 %) d’après des documents budgétaires transmis lundi par Bercy à des parlementaires.

En clair, l’Etat aura dépensé près de 160 milliards d’euros de trop par rapport à ses recettes. De quoi encore alourdir sa dette colossale (3.200 milliards d’euros) et en faire, en plus, l’un des pires élèves de la zone euro. « On dérive vraiment par rapport aux autres membres », constate Stéphanie Villers, économiste au sein du cabinet PwC France. « Si tout le monde le faisait, comme en période de crise, ça pourrait aller. Mais là, on envoie clairement un mauvais message. »

Une possible explosion des taux d’emprunt

Qui pourrait, à terme, avoir des conséquences douloureuses. Pour les capacités d’emprunt de l’Etat d’abord, mais plus généralement pour la vie de ses administrés. « Cela dépendra de la manière dont le prochain gouvernement va gérer la situation mais il n’y a que trois solutions. Soit il augmente ses recettes donc prélève davantage d’impôts, soit il réduit ses dépenses, ce qui nuira à la qualité des services publics, soit il fait les deux. Mais dans tous les cas, il y a aura des impacts pour les Français », explique Jacques Le Cacheux, professeur émérite à l’université de Pau.

Car les déficits publics, et la dette plus généralement, ne peuvent pas être cumulés indéfiniment. « Deux contraintes vont se présenter à l’Etat, poursuit l’universitaire. D’abord, les règles européennes imposent à ses membres de rester en dessous des 3 % du PIB de déficit annuel. Ça fait des années qu’on le promet et qu’on n’y arrive jamais ou presque. Nos partenaires ont jusque-là été bienveillants, mais jusqu’à quand ? Ensuite, comment vont réagir les marchés financiers, c’est-à-dire ceux qui nous prêtent de l’argent ? »

Aujourd’hui, la France emprunte à un peu moins de 3 % de taux d’intérêt, contre 2,25 % pour l’, presque 4 % pour le Royaume-Uni… et 2,85 % pour le . « Pour l’instant, les marchés restent sereins vis-à-vis de l’Etat mais tout ça est une question de confiance. Celui qui finance est celui qui décide donc le jour où plus personne ne voudra de nos obligations, les taux exploseront. »

Fin des treizièmes mois des fonctionnaires comme en Grèce ?

Le peut en témoigner. A l’automne 2022, le pays avait été embourbé dans une crise économico-politique. Son gouvernement avait annoncé de vastes baisses d’impôts, ce qui avait fait fuir les investisseurs. La livre sterling avait alors chuté au plus bas et les taux d’emprunt de l’Etat britannique flambé… jusqu’à ce que la Première ministre ne soit obligée de démissionner. Le cas grec est encore plus grave avec une crise dès 2008 qui a mené sa population à de nombreuses années d’austérité. Les treizièmes mois des fonctionnaires avaient été supprimés, les pensions de retraite baissées etc.

« Car quand ces taux augmentent, cela touche tout le monde. Les entreprises ont davantage de mal à se financer donc sont obligées de se financer autrement comme en augmentant leur tarif, les prêts coûtent plus cher, etc. Ça pèse sur tous les citoyens », insiste Jacques Le Cacheux, sans pour autant vouloir dramatiser sur la situation actuelle.

Pour son confrère Marc Touati, la période est plus grave. « Il faut être très inquiet, elle est dramatique », appuie le président du cabinet ACDEFI. « Et le problème, c’est que les années à venir pourraient être encore pires. Le Trésor a annoncé qu’on pourrait atteindre 6,2 % du PIB en 2025 et 6,7 % en 2026… Ça fait cinquante ans qu’on est en équilibre sur une corde mais elle ne tient plus qu’à un fil qui peut maintenant rompre. »

Boulons à serrer et tête à sortir du sable

L’économiste aux 185.000 abonnés sur prône pour de vastes économies de l’Etat. « Je ne parle pas de rigueur car on peut avoir un gouvernement responsable qui optimise les dépenses sociales. Moi je pense qu’il faut réduire nos dépenses de fonctionnement. Elles ont explosé de presque 25 milliards d’euros ces trois dernières années. Certes car les salaires des fonctionnaires ont augmenté mais on peut toucher à des tas de frais de déplacement, de bouche, etc. En tout cas pas aux impôts car on est déjà les champions du monde des prélèvements. »

« On est aussi les champions du monde des services publics avec un des systèmes de retraite les plus généreux », lui répond Jacques Le Cacheux, qui penche donc plutôt pour une hausse des impôts. « En les prélevant mieux car aujourd’hui, les plus aisés payent un taux plus bas que les classes moyennes. Et il faut toucher aux nombreuses subventions, crédits d’impôt et autres aides versées aux entreprises », ajoute celui qui se reconnaît « de gauche ».

« On redistribue mal et on ponctionne mal », estime de son côté Stéphanie Villers, revendiquée « apolitique ». Les trois économistes s’accordent en tout cas sur la nécessité d’agir. « Sinon la France pourrait déclencher  », alerte encore Marc Touati. « Il faut qu’on s’occupe de ces déficits publics, qu’on serre quelques boulons et fasse des efforts. Nos gouvernements ne peuvent plus faire l’autruche sur ce sujet », conclut Jacques Le Cacheux.

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