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Pourquoi la filière des caisses en bois pour le vin craint-elle pour son avenir ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison Pourquoi la filière des caisses en bois pour le vin craint-elle pour son avenir ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Pourquoi la filière des caisses en bois pour le vin craint-elle pour son avenir ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Mickaël Bosredon 09 Sep 2024,00:41

Dans l’atelier de la caisserie Marie-Louise, à Beychac-et-Caillau sur la rive droite de , la trentaine d’employés s’affaire sur différentes machines, pour imprimer, à feu ou à chaud, des milliers de caisses en bois. Chaque année, il sort de cet atelier quelque 1,7 million de caisses, à destination de , essentiellement de Bordeaux, mais aussi de , de la Vallée du Rhône, la Champagne, la Provence…

La caisserie Marie-Louise en Gironde produit 1,7 million de caisses en bois par an. - Mickaël Bosredon

Des caisses de toute forme. « Nous avons 600 formats différents, explique la présidente de la caisserie, Karine Abel : il y a des caisses qui vont d’une à douze bouteilles, des caisses pour des bouteilles classiques, pour des magnums, des double magnums, sachant qu’il y a de surcroît de plus en plus de nouvelles bouteilles qui sortent pour des questions de marketing. Et, nous-mêmes, nous proposons différents systèmes, avec des caisses à clouer, à glisser, ou à guillotine. »

Savoir-faire menacé

« Il s’agit d’un savoir-faire typiquement français, » insiste la directrice générale Camille Lebrun, « puisque nous exportons aussi nos caisses vers le Canada, l’Allemagne, où ils ne manquent pourtant pas de . » Un savoir-faire qui serait aujourd’hui menacé. C’est ainsi que la caisserie Marie-Louise a créé, avec huit autres caisseries françaises (dont sept basées en Gironde), l’Alliance France Caisse Bois (AFCB), qui pèse en tout quelque dix millions de caisses par an, 300 emplois et 45 millions d’euros de chiffre d’affaires. Le secteur des caisses en bois vient en effet de perdre « entre 15 et 20 % de part de marché en deux ans » alerte Karine Abel. La raison : « la hausse du  », et l’omniprésence du carton, qui domine désormais outrageusement le marché, à la faveur notamment de prix « deux à trois fois moins élevés ».

Karine Abel (à gauche) et Camille Lebrun, de la caisserie Marie-Louise,  - Mickaël Bosredon

Mais, après tout, un secteur qui perd des parts dans un marché concurrentiel, surtout en pleine , en particulier dans le domaine du , cela ne fait-il pas partie des aléas de la vie d’une entreprise ? « Oui, sauf qu’un grand nombre de propriétés viticoles nous disent se tourner vers le carton pour des raisons… écologiques, mettant en avant le du carton, c’est là que nous ne sommes pas d’accord, car le bois est en réalité bien plus  » soutient Karine Abel.

« Nous pesons environ 1 % de part de marché, l’idée n’est donc pas de faire la guerre au carton, on n’en a ni l’envie ni les moyens », explique Camille Lebrun. « Mais entendre que le carton est plus durable que la caisse en bois, alors que nous utilisons un produit qui n’est pas transformé, qui consomme très peu d’eau, et qui est systématiquement revalorisé, nous pose un sérieux problème ».

« L’aspect recyclage nous fait mal »

Revalorisé, mais pas recyclé au sens strict du terme. Ce qui a son importance pour les propriétés viticoles, au moment d’établir leur bilan carbone. « Cet aspect recyclage nous fait mal, reconnaît Camille Lebrun, pourtant nous ne sommes pas responsables de la mise en place ou non d’une filière de recyclage. » Surtout, cela n’empêche pas que les caisses en bois, en bout de chaîne, sont très rarement jetées et, en très grande majorité, réutilisées (pour du stockage, de la décoration...)

La filière déplore par ailleurs que l'ensemble du cycle de vie du produit ne soit pas considéré lors du calcul de . « Nous utilisons uniquement du pin maritime de Galice (Espagne) [plus adapté que le pin des Landes] arrivé à maturité, et qui a stocké du carbone durant toute sa croissance » pointe Karine Abel. « Mais nous ne pouvons pas le prendre en compte... »

Enfin, « nous produisons zéro déchet de bois : dans les scieries, la sciure et les copeaux sont réutilisés ; dans les neuf caisseries de l’alliance, les planches non conformes sont valorisées, et ce qui ne l’est pas est mis en benne, collectée par une entreprise qui valorise à son tour ce bois. »

L’emballage bois devrait devenir de plus en plus « un emballage de luxe »

Ce qui inquiète encore plus les professionnels du secteur, « c’est qu’une nouvelle réglementation européenne, applicable dès 2030, stipule que tous les emballages devront être recyclables », alerte Camille Lebrun. Le secteur craint ainsi « que l’on décide, tout d’un coup, qu’il n’y a plus d’emballage bois. » « C’est pour cela que nous réagissons aujourd’hui, car si nous ne nous regroupons pas, nous nous exposons à un très grand danger, et s’il le faut, nous nous regrouperons avec d’autres professionnels, les fabricants de barquettes de tomates, de bourriches d’huîtres, ou de boîtes de camembert - dont on avait craint la disparition à un moment » poursuit Camille Lebrun.

Les deux responsables de la caisserie Marie-Louise insistent sur l’aspect artisanal et local de leur filière. « Même si l’on a automatisé ou semi-automatisé certains processus de fabrication, il faudra toujours des femmes et des hommes pour travailler cette matière, qui est une matière vivante » assure Karine Abel. « Derrière la caisse bois, ce sont des PME, il n’y a aucune multinationale, ajoute Camille Lebrun. Et tout est fait en France : chez nous, il n’y a rien qui arrive de Chine ou qui repart en Chine en faisant trois fois le tour du monde… »

Si les deux cheffes d'entreprise restent « convaincues des vertus de l’emballage bois », elles reconnaissent néanmoins qu’il risque de devenir, de plus en plus, « un emballage de luxe réservé à certains vins. »

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