L'ancien Premier ministre et banquier central Mario Draghi s'apprête publie ce lundi un rapport très attendu sur la compétitivité de l'UE. Le journal Le Point, parle de 400 pages de propositions.

D'abord annoncées pour juin, ses conclusions arrivent à un moment clé du cycle politique de l'UE. Elles vont se ressentir sur l'exécutif, le collège de Commissaires, qui doit être présenté cette semaine par la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.

Au cours de son mandat de huit ans à la tête de la Banque centrale européenne, Mario Draghi s'est engagé à faire "tout ce qu'il faut" pour protéger l'euro des turbulences du marché".

Il a déjà donné quelques indications sur le contenu de son rapport, rédigé avec l'aide du personnel de la Commission européenne et décrit par le journal l'Opinion comme "une ode salutaire à la croissance."

La compétitivité des États-Unis écrase celle de l'UE

Le texte met l'accent sur l'écart de productivité croissant avec les États-Unis, dont l'économie dépasse aujourd'hui de 50 % celle de l'Union européenne, alors que les deux puissances étaient alignées il y a 15 ans.

En avril dernier, Mario Draghi a également évoqué la nécessité de ne pas se laisser distancier par les investissements massifs accordées par les États-Unis et la Chine aux technologies vertes stratégiques, qui bouleversent l'ordre commercial mondial.

Le rapport évoque aussi la dépendance aux importations de l'Union, le changement climatique et l'inclusion sociale. Il fait des propositions pour dix secteurs clés, tels que la défense et l'énergie.

De nombreux points font écho écho à ceux avancés en début d'année par Enrico Letta, un autre ancien Premier ministre italien, qui avait été chargé de trouver des moyens pour stimuler le marché unique de l'UE.

Quels financements ?

L'un des principaux point d'interrogation reste la manière dont Mario Draghi, qui a dirigé le gouvernement technocratique italien de 2021 à 2022, entend financer ses projets.

En avril, il avancé l'idée de réserver une partie des subventions nationales aux projets de l'UE ou d'utiliser les prêts du Mécanisme européen de stabilité, un fond initialement destiné au secteur bancaire, pour financer la défense.

L'emprunt commun par le biais d'euro-obligations pourrait s'avérer l'élément le plus controversé de ses plans.

Ses conclusions vont probablement être contestées par la droite, qui dira qu'il n'a pas tenu compte de l'impact de l'immigration, et par la gauche, qui lui reprochera de déréguler le marché du travail et de réduire les salaires.

Elles vont également devoir surmonter l'inertie institutionnelle ; beaucoup considèrent déjà ce rapport comme le rappel à l'ordre d'une Bruxelles complaisante.

Ursula Von der Leyen pourrait bien finir par copier-coller le rapport dans les lettres de mission qu'elle remettra à ses nouveaux commissaires ce mercredi, en faisant donc son programme pour son mandat de cinq ans.