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« 20 Minutes » a monté un dossier pour la création d’un émoji « couscous »L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentementSportuneBébés et MamansMinutes Maison « 20 Minutes » a monté un dossier pour la création d’un émoji « couscous »L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentementSportuneBébés et MamansMinutes Maison

« 20 Minutes » a monté un dossier pour la création d’un émoji « couscous »L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentementSportuneBébés et MamansMinutes Maison

admin 19 Sep 2024,00:41

Votre téléphone manque-t-il d’ ? Votre , votre animal fétiche ou l’expression idéale pour illustrer votre discussion ne sont peut-être pas parmi les quelque 3.800 pictogrammes existants. Plutôt que d’attendre en vain la poignée de nouveaux entrants annoncés chaque année, 20 Minutes a pris les devants et a proposé son propre émoji : le couscous.

Car n’importe qui peut proposer son émoji. , une organisation à but non lucratif qui développe et maintient le standard informatique permettant d’encoder les caractères, accepte les candidatures. Étape par étape, on en profite pour plonger dans l’univers des émojis, toujours plus présents dans notre communication.

Des animaux à la nourriture

Il faut d’abord trouver une idée qui n’a pas encore son pictogramme. Dans un article publié en décembre dernier dans la revue scientifique iScience, intitulé « Communication de la biodiversité à l’ère numérique à travers l’arbre phylogénétique »,parmi les émojis, les animaux vertébrés sont surreprésentés, alors que les plantes, champignons, micro-organismes et arthropodes sont largement à la peine par rapport au nombre réel d’espèces. « Les nouveaux émojis peuvent servir d’outil de communication pour des luttes, analyse Pierre Halté, maître de conférences en sciences du langage. Le but, c’est de faire parler des gens qui portent ces combats et qu’on les reconnaisse. »

A-t-on une piste pour proposer un émoji ?, par exemple, n’existe pas dans les émojis actuels bien qu’elle soit assez reconnaissable et plusieurs espèces sont protégées. Mais ce serait ignorer notre amour de la difficulté… et de la bonne bouffe. En matière de nourriture et de représentation culturelle,sont assez inégaux : malgré l’arrivée du falafel ou du tamal, les émojis se concentrent sur des plats ultramondialisés comme le ou Mais un plat manque à l’appel : le couscous, plat d’Afrique du Nord tant apprécié en France.

Le plat de toutes les discordes

Dès 2020, le couscous a même été inscrit. Une candidature commune des pays d’Afrique du Nord, l’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, opposés tant de fois sur le plan géopolitique… mais aussi sur les débats autour de leur couscous, plus moins différent dans chaque pays. Qui choisira, qui préférera du poulpe, qui osera y poser une merguez et appeler ça un couscous marocain. Une outrance culinaire que fustige directement Marie Josèphe Moncorgé, spécialiste de l’histoire de l’alimentation en Méditerranéenne : « C’est surtout une belle invention française, ça. » Le maître de conférences Pierre Halté nous avait pourtant prévenus : « Les problématiques sociales rejaillissent sur les émojis. La banque de pictogrammes ne fait que suivre les questions de société. Le consortium Unicode a un pouvoir assez énorme puisqu’il décide comment nous nous représentons graphiquement, ainsi que nos émotions. »

Mettons donc fin au débat directement : Le couscous n’est pas né en particulier dans un pays. « C’est très simple, c’est d’origine berbère », résume Marie Josèphe Moncorgé. Plusieurs noms lui sont d’abord donnés, comme « tha’àm » au XIe siècle. Mais avec la conquête arabe, le couscous fait son apparition en Espagne. « Les premières recettes qu’on connaît viennent de livres arabo-andalous au XIIIe siècle », assure la spécialiste qui nous en lit quelques-unes. « Prenez un agneau gras, enlevez la peau, retirez les tripes, nettoyez l’intérieur. » Respirez, surtout. Quand soudain, un détail nous ramène à la réalité. Les premiers couscous n’auraient en fait ni carotte, courgette ou navet. Seulement de l’aubergine. « Ça varie énormément selon les époques et les pays. Rappelons en plus que les frontières n’étaient pas les mêmes. Le point commun à tout cela, c’est la graine. »

Une longue liste de critères

Le dossier avance, mais rien ne nous assure de voir débarquer un jour notre couscous car la concurrence est rude. Avant, les années 2010, chaque service de messagerie avait sa propre banque d’images et donc ses propres émojis. Après un premier refus de s’y intéresser, le consortium Unicode décide de prendre en charge la standardisation des émojis à partir de 2010, sur une demande de plusieurs acteurs dont Google. Et si le processus est ouvert, les places sont chères. « Il y a une certaine charge pour chaque émoji présent, explique Mark Davis, cofondateur président du conseil d’administration d’Unicode. Nous ne pouvons pas tout encoder, il y a des questions de budget, mais aussi de facilité d’utilisation. Nous essayons de nous concentrer sur les plus inventifs ou inédits. » Sur ce plan, le couscous pourrait être le premier plat à représenter la gastronomie d’Afrique du nord, voire du continent. Check.

Autre critère : la lisibilité. « Les tremblements de terre sont très importants dans beaucoup de cultures, mais très difficiles à représenter de manière reconnaissable dans un petit format », cite Mark David. C’était sans compte le talent de Sébastien Caulier, notre designer, un peu de son temps pour dessiner un plat de couscous. Faut-il encore savoir ce qu’on veut mettre dans notre couscous. Oublions les merguez. Limitons-nous sur le poulpe, de peur de vexer l’Algérie et le Maroc. Mais restons gourmands. Qui aurait envie de recevoir le même sort que le  ? En publiant sur son Instagram un couscous ressemblant « à un assemblage d’ingrédients précuits vapeur fades et sans saveur », comme le résumait une internaute, le célèbre chef s’est attiré les foudres d’Internet. Comme souvent lorsqu’un couscous rentre en jeu sur les réseaux sociaux.

Restons donc simples, mais sophistiqués. Il y aura bien sûr une tonne de semoules, des carottes, des courgettes, des bonnes épices [et non le « mélange à la marocaine » de Ducros]. Et si on cherche la triple viande, elle se trouve sans doute bien au fond du plat, en surprise. Mais restons ouverts à proposer une variante à nos amis végétariens. L’inclusivité avant tout.

Couscous voudra toujours dire couscous

Il faut aussi montrer que l’émoji correspond bien à un terme recherché et utilisé - et donc, pour nous, que le couscous n’est pas une obscure spécialité locale. Sur ce plan aussi, le plat maghrébin s’en sort bien : sur , l’intérêt pour l’expression « couscous » est sensiblement le même que pour « paella », qui a eu le droit à son émoji tout récemment.

Couscous VS Paella, le match des recherches est serré. - Capture d'écran Google Trends

Dernier obstacle, il faut que l’émoji soit polysémique. Et c’est peut-être ici que tout s’arrête. Même avec un peu de mauvaise foi, difficile d’associer un autre sens au couscous que le mets lui-même, ou, à la limite, l’idée d’un repas à partager dans un même plat. « Nous essayons de trouver un équilibre entre représenter une culture, mais aussi offrir quelque chose qui sera utilisé par des millions de gens, insiste Mark David. L’émoji doit avoir des applications très larges et dépasser les frontières. »

« Les émojis viennent jouer le rôle de gestes à l’écrit »

Cette polysémie est un des points les plus recherchés. « Les gens parlent parfois des émojis comme une langue, indique le président du conseil. Une phrase comme "Ma fille doit bientôt aller chez le dentiste" est très dure à formuler avec uniquement des émojis. Mais c’est justement leur avantage, un seul peut avoir une palette de signification. C’est ce qui permet de les utiliser à l’écrit pour remplacer au langage corporel. » Une analyse partagée par Pierre Halté. « Dans les conversations en face-à-face, on se comprend grâce à ce qu’on dit mais aussi grâce à notre gestuelle, abonde le maître de conférences. Les émojis viennent jouer le rôle de gestes à l’écrit. » Et s’ils sont apparus avec les discussions en ligne, ils sont tellement entrés dans nos habitudes qu’ils « essaiment dans les modes de communication asynchrones, même dans les copies de mes étudiants ».

Faut-il dire adieu à notre idée ? « Ça a l’air spécifique, mais "paella" a bien été accepté, donc on ne sait jamais », essaie de nous encourager Mark Davis. S’il n’est pas retenu, l’émoji couscous pourra peut-être faire son entrée autrement. De plus en plus d’outils permettent de personnaliser ses émojis, comme les Memoji d’ qui utilisent la reconnaissance faciale. L’arrivée de l’IA dans les téléphones pourrait encore accélérer la création, mais on est loin des standards d’inter-compatibilité d’Unicode. « Ce serait très dur à implémenter, estime Mark Davis. Emoji Kitchen [qui permet de combiner deux émojis pour en créer un nouveau] pourrait utiliser des séquences d’émojis, à la limite. Mais le consortium accueille quand même avec plaisir ces innovations. » « On ne manque donc pas de nouveaux émojis ; mais les utilisateurs manquent de contrôle sur leur fabrication », pense pour sa part Pierre Halté. Reprenez le pouvoir, retirez les merguez de votre couscous et préparez votre meilleur émoji pour l’an prochain.

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