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Présidentielle américaine 2024 : Les réseaux sociaux à l’épreuve de la véritéSportuneBébés et MamansMinutes Maison Présidentielle américaine 2024 : Les réseaux sociaux à l’épreuve de la véritéSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Présidentielle américaine 2024 : Les réseaux sociaux à l’épreuve de la véritéSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Quentin Meunier 20 Sep 2024,00:40

« a-t-il passé 40 % de sa présidence en vacances ? », « Pourquoi a faux sur le lien entre immigration et délinquance aux US », « Des comptes pro-Trump sur utilisent des photos « volées » d’influenceuses européennes »… Avec l’élection présidentielle américaine, le service de 20 Minutes a du pain sur la planche. Mais malgré l’échauffement des esprits et les craintes autour des outils d’IA, la désinformation n’est pas une fatalité.

Certes, la désinformation, le complotisme ou les discours extrêmes paraissent souvent amplifiés, surtout en ligne. « Les réseaux sociaux et les forums de discussion procurent une forme d’anonymat qui permet de s’identifier et, en même temps, de ne jamais se révéler, explique Tamara Guénoun, psychologue clinicienne et maîtresse de conférences, qui a travaillé sur les questions de radicalisation et de complotisme. Ils participent à une distorsion du rapport au réel. On ne se pose plus la question de ce qui pourrait être vrai, ce qui compte c’est le storytelling, la narration. » « Les contenus sont davantage violents, polarisés et radicalisés, décrit pour sa part Aurélien Brest, doctorant en psychologie sociale qui travaille sur la propagation des fausses informations. Mais il y a un centre mou qui ne bouge pas réellement. La polarisation est une minorité visible et active. »

Pas (encore) de déferlante IA

La situation n’a pas fondamentalement évolué par rapport aux campagnes précédentes. « La situation est plus proche de 2016, estime Arnaud Mercier, professeur en communication à l’université Panthéon-Assas et responsable scientifique du projet de fact-checking européen De Facto. En 2020, le politique avait obtenu que les plateformes soient plus dures sur la désinformation. Aujourd’hui, il n’y a pas de régulation sur Telegram, Twitter est passé dans la main d’un complotiste prêt à diffuser des fake news, Meta est revenu en arrière sur ses obligations. »

Si le contexte géopolitique a un peu évolué du fait de la , la vraie différence avec 2020 tient dans l’utilisation de l’intelligence artificielle dans la création de ou de fausses images. « Aujourd’hui, on attend de voir ce que ça va donner, avance prudemment Aurélien Brest. Il y a eu quelques exemples, notamment partagés par Elon Musk et Donald Trump, mais ça n’a pas créé de réel déclic, en tout cas pas aux Etats-Unis par rapport à . »

Malgré beaucoup de craintes, l’IA reste loin d’avoir créé une déferlante de contenus impossibles à distinguer du réel. « Les nouvelles technologies d’IA ouvrent un nouveau front dans la désinformation, reconnaît Julie Charpentrat du service Investigation numérique de l’AFP, avant de nuancer. Cela fait partie des problématiques depuis un an et demi, mais ce n’est pas encore très perfectionné. La majorité des fausses informations utilise des méthodes plus simples et moins coûteuses. » « Beaucoup d’images générées par IA ne sont en réalité pas des fake news mais des formes de caricatures, complète Arnaud Mercier. Il y a aussi des accusations retournées : Trump disait que la foule qui attendait était générée par IA. »

Le fact-checking fait de la résistance

Autre élément qui vient tempérer les discours les plus pessimistes : le fact-checking, qui « reste important, mais suppose la question de la confiance dans les médias », juge Aurélien Brest. « A l’, nous faisons un gros travail de pédagogie auprès du grand public, avec des vidéos didactiques ou des papiers explicatifs, relate Julie Charpentrat. Nous avons une plateforme en 26 langues et en accès libre depuis 2017. Le but c’est d’exposer le plus possible à la vérification de l’information et multiplier les canaux (newsletter, TikTok, Instagram) pour investir le terrain numérique et ne pas le laisser à la désinformation. La vraie lutte doit passer pour le plus jeune âge possible. »

« Aux Etats-Unis, énormément de médias s’occupent du fact-checking : Newsguard, NPR, Washington Post, liste Arnaud Mercier du projet De Facto. Ce travail est important car il peut servir de recueil critique, notamment pour les indépendants. Mais il faut relativiser sa portée : quelqu’un qui baigne dans un univers idéologique ne va pas regarder un site de fact-checking. »

« On vise les gens qui ont envie de s’informer ou qui veulent répondre aux arguments de leurs proches qui sont perméables aux , abonde Julie Charpentrat. Beaucoup de gens sont de bonne foi et veulent être informés. […] Notre objet ça va être de démystifier ce qui fait l’objet de fausses informations. On ne fact-check pas l’opinion. » Reconnaître que la désinformation ou le complotisme repose souvent sur l’appel au ressenti permet aussi de travailler sur le phénomène. « La difficulté, c’est de ne pas rentrer discours contre discours, car cela se joue au niveau de la croyance, des émotions, du mal-être, détaille la psychologue Tamara Guénoun. Dans mes interventions, on essaie de créer des moments de partage et de réflexion sur la société. Cela permet de déjouer des discours qui utilisent l’insatisfaction pour créer des clivages. »

Ne pas abandonner face à la « post-vérité »

Le terme de « post-vérité », souvent utilisé depuis qu’il a été choisi comme mot de l’année 2016 par le dictionnaire d’Oxford, est-il donc has been ? Selon Aurélien Brest, le mot recouvre plusieurs réalités. « Il y a deux interprétations : un espace social commun qui se fracture, avec des visions du monde qui ne communique plus, comme pendant la guerre froide, détaille-t-il. Ou bien, l’abandon du concept de vérité pour rentrer dans un monde d’émotion et d’interprétation. Cette définition colle plus à ce qu’entretient Donald Trump : il n’a pas de vision philosophique très chargée, mais ce qui le qualifie c’est la notion de "bullshit", parole déconnectée de la réalité qui répond au besoin d’occuper l’espace. »

Et surtout, il ne faut pas laisser ce constat s’installer. « Le terme de désinformation me semble plus approprié que "post-vérité", estime Julie Charpentrat. Ce serait considéré que la partie est perdue et c’est faux. En tant que journaliste, il reste le socle commun des faits. » « Il ne faut pas partir du fait accompli, approuve Aurélien Brest. Les restent des organisations extrêmement jeunes. On a des outils techniques et théoriques pour modérer. »

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