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Mission Polaris Dawn : La première sortie spatiale privée, seulement le caprice « égoïste » d’un milliardaire ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison Mission Polaris Dawn : La première sortie spatiale privée, seulement le caprice « égoïste » d’un milliardaire ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Mission Polaris Dawn : La première sortie spatiale privée, seulement le caprice « égoïste » d’un milliardaire ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Diane Regny 28 Aug 2024,16:40

Edit du 28 août 2024 à 7h10: Le départ de la fusée de SpaceX a été reporté sine die, a annoncé l'opérateur, invoquant des aléas météorologiques

Jared Isaacman le sait : chaque minute qui passe le rapproche de sa sortie . Et l’Américain n’a retenu ni ses efforts, ni ses milliards pour en arriver là. Ce mercredi, il sera commandant de , un vol qui, pour certains, marque le véritable premier pas vers le « tourisme spatial ». Car cette aventure de cinq jours, qui doit emmener depuis la Floride quatre non-professionnels à une altitude de 1.400 km dans une capsule Dragon de SpaceX, est complètement privée et financée par Jared Isaacman lui-même.

A bord se trouveront aussi les ingénieures de Anna Menon et Sarah Gillis ainsi que le pilote Scott Poteet, un proche du milliardaire. « Ce ne sont pas des astronautes d’agence ; mais soit ils connaissent très bien le spatial, à l’instar des deux ingénieures de SpaceX, soit ils ont une formation de pilote sur des avions de chasse, parmi les plus extrêmes au monde », explique Olivier Sanguy, responsable de l’actualité spatiale à la Cité de l’Espace de Toulouse.

Jared Isaacman « n’est pas un touriste lambda à qui on aurait dit : "on vous offre un billet", abonde Philippe Perrin, pilote d’essai, spationaute et auteur du livre En apesanteur, paru en avril 2024. Il a une grande expérience de pilote. » L’Américain, surnommé « Rook », est d’ailleurs le fondateur de Draken International, qui forme des pilotes de l’armée de l’air américaine. Les membres de l’équipage ont donc « une formation technique et l’habitude de suivre des procédures rigoureuses », souligne Olivier Tanguy.

« Une mission à haut risque »

Pour parfaire cette expérience, l’équipage a été intensément préparé. Ils ont tourné dans des centrifugeuses, fait de la plongée sous-marine, du saut en parachute, l’ascension du volcan équatorien Cotopaxi, mais aussi passé 2.000 heures dans un simulateur, l’équivalent de 83 jours entiers. Un entraînement à la hauteur de l’enjeu, car « c’est une mission à haut risque et un défi technique de haute volée », souligne Philippe Perrin. Celui qui a lui-même effectué des sorties extra-véhiculaires cite notamment le nouveau scaphandre, un modèle de SpaceX qui n’a encore jamais été testé dans le vide spatial.

Mais surtout, la capsule Dragon ne dispose pas de sas. En d’autres termes, lors de la sortie extra-véhiculaire, tous les membres de l’équipage seront confrontés au vide spatial. « C’est un danger de plus, acquiesce Olivier Sanguy. Mais ça a déjà été fait, c’était le cas pour les premiers vols habités, comme le module lunaire d’Apollo. » Si ce n’est donc pas totalement une terra incognita pour les quatre aventuriers, l’expérience repousse en partie les lignes, déjà dangereuses, de l’exploration spatiale.

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En montant à 1.400 kilomètres d’altitude – à titre de comparaison, la est, elle, située à environ 400 kilomètres de la Terre – , la mission va plus loin que toutes les autres depuis Apollo et la conquête . Anna Menon et Sarah Gillis doivent devenir les deux femmes ayant voyagé le plus loin de la , les équipages des missions lunaires étant alors uniquement masculins. Or, à cette altitude, « le risque additionnel est de recevoir plus de radiations », note Olivier Sanguy.

Mais l’expérience imaginée à coups de milliards, contrairement à celle du qui a implosé en juin 2023 dans l’Atlantique nord, est très cadrée, la capsule étant certifiée par la . De plus, « les vols spatiaux étant encore rares, plus ils sont nombreux, plus on apprend », note Olivier Sanguy, qui explique que la Nasa compte sur ce marché annexe privé pour acquérir plus de connaissances et s’améliorer. Un apprentissage qui n’est pas sans risque. Pour Philippe Perrin, « il va y avoir des accidents dans le tourisme spatial. La question, c’est quand. »

L'« égoïsme » des vols privés

Les passagers de la capsule acceptent donc ce risque ainsi que les expériences qui l’accompagnent. Etudier les radiations qu’ils subiront à une telle altitude est d’ailleurs « l’un des objectifs de la mission », souligne Olivier Sanguy. Car si les critiques sont pléthore, certains estimant que Jared Isaacman cède à une lubie d’ultrariche, les passagers de la capsule Dragon ne font pas un aller-retour simplement pour piquer une tête dans le vide spatial. En plus de tester la nouvelle combinaison de SpaceX et de permettre l’analyse de ces radiations, ils ont annoncé une quarantaine d’expériences.

« Dans les années 2000, il y avait des gens qui payaient leurs billets pour aller dans l’Espace, c’était du pur tourisme spatial. Et puis les initiatives visant à emmener des expériences afin que ces vols ne soient pas "égoïstes" se sont multipliées », contextualise Olivier Sanguy. Avant d’ajouter : « On peut le voir comme l’habillage d’un plaisir personnel mais ce serait toutefois simpliste de qualifier ce vol de tourisme spatial, surtout quand on voit le profil des trois autres astronautes privés. »

Reste que « ces missions coûtent très cher », rappelle Philippe Perrin. Qui s’interroge : « On se demande s’il est légitime de dépenser toute cette énergie et cet argent simplement pour le plaisir d’un homme. »

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