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People & Baby : Des bébés errant, « des larmes de détresse »… Ce qui se cache derrière les mursSportuneBébés et MamansMinutes Maison People & Baby : Des bébés errant, « des larmes de détresse »… Ce qui se cache derrière les mursSportuneBébés et MamansMinutes Maison

People & Baby : Des bébés errant, « des larmes de détresse »… Ce qui se cache derrière les mursSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Laure Beaudonnet 20 Sep 2024,00:42

«People & Baby, c’est le grand méchant loup, l’effrayant monstre des contes pour enfants », écrit Victor Castanet dans Les Ogres, des crèches privées paru ce mercredi aux éditions Flammarion. Selon le journaliste, cet acteur de la petite enfance concentre la plupart des alertes des familles et des salariés du secteur et . « Nos enfants sont en danger, nous sommes tous concernés », peut-on lire en gras en quatrième de couverture. Il faut dire que certaines descriptions sont particulièrement inquiétantes.

Victor Castanet dénonce les stratégies low-cost de People & Baby -et de toute une partie des acteurs de la petite enfance - qui ont entraîné une dégradation continue de la qualité d’accueil des enfants dans ces crèches. Certains établissements People & Baby n’hésitent pas à faire des économies sur l’hygiène et l’alimentation des tout-petits quand il ne s’agit pas carrément de violences physiques et psychologiques.

Des bébés posés brusquement, soulevés par le bras

Quelques heures avant la parution de l’ouvrage, des parents et professionnels ont répondu à l’appel à témoignages de 20 Minutes et confirment certains des dysfonctionnements graves révélés dans cette enquête. « Je me rendais compte que si j’émettais une critique, le lendemain, les professionnelles ne s’occupaient pas bien de mon enfant », se souvient Sarah*. Son fils pleurait tous les matins avant d’être déposé dans cette crèche du 12e arrondissement de Paris. « Les auxiliaires de la petite enfance ne restaient jamais plus de deux mois, j’ai vu passer quatre directeurs », déplore-t-elle. « En 2022, mon cadet a connu près de 21 professionnels en huit mois », confirme un père d’un autre établissement.

Justine*, une encadrante d’une crèche d’Ile-de-France décrit des professionnels à bout, des taux d’encadrement non respectés. Pire, elle raconte le silence radio du siège de People & Baby après plusieurs signalements contre une salariée violente. « Des bébés sont bousculés, portés par les bras et forcés à manger, décrit-elle. La professionnelle menace les enfants d’à peine un an de les enfermer et de les isoler dans le noir ». A ce jour, elle est toujours salariée de la crèche et aucune réponse n’a été apportée par le siège.

Les Ogres montre d’ailleurs comment les pratiques RH du groupe ont maximisé les risques, revenant sur le cas du par une professionnelle dans une crèche People & Baby à Lyon. « Excédée par les pleurs de l’enfant, elle l’a aspergée, puis lui a fait ingérer un produit caustique », en l’occurrence du Destop pour WC, avait indiqué le parquet de Lyon en 2022. Selon Les Ogres, quelques mois avant le drame, « l’autrice de l’homicide [avait] été embauchée par l’un des concurrents de People & Baby, Babilou. Ce groupe lui a fait signer un CDD le 21 février, avant de mettre fin à sa période d’essai… au bout de cinq jours seulement », découvre-t-on à la lecture de l’ouvrage qui dénonce les graves séquelles sur les enfants.

Des morsures par ennui

Sofiane*, l’une des victimes de la crèche People & Baby de Villeneuve-d’Ascq (Nord), désigné comme la « crapule » par la directrice, est sorti traumatisé : crises de larmes, cauchemars, rupture de la courbe de poids… « Les enfants sont punis dans le noir pendant plusieurs heures sans tétine, sans doudou, expliquait Victor Castanet ce mardi sur France Inter. Quand les enfants ne sont pas propres, certains professionnels les humilient devant les autres […]. Il s’agit aussi de faits de privation de nourriture et de coups, de griffures, qui se retrouvent sur le corps de certains enfants ».

Sonya raconte des comportements similaires à ceux de Sofiane qui se roulait par terre devant la crèche. « Chaque matin, ce sont des larmes de détresse quand je laisse mon fils, s’alarme-t-elle, il n’ose pas faire de selles, ne dort plus. Avant son entrée chez People & Baby, tout se passait si bien. Je me retrouve avec un enfant renfermé qui ne lâche pas son doudou alors qu’il n’en avait pas auparavant ». Aïda a observé une rupture dans le comportement de son fils après le premier en 2020. « Il hurlait le matin, il revenait affamé avec une couche pleine. Nous avons dû le retirer de la crèche à la suite d’une "morsure". Un jour, la crèche appelle mon mari pour qu’il vienne le chercher. Nous sommes partis voir un médecin qui nous a indiqué que ce n’était pas une morsure mais un coup », raconte cette mère qui n’a pas hésité à retirer son enfant de la structure située à Rueil-Malmaison.

Les morsures sont fréquentes, selon certains parents. Si cela fait partie du développement de l’oralité de l’enfant, Justine met en cause l’ennui des petits. « Parfois, des enfants se battent pour un seul jouet, ils se chamaillent et cela entraîne des morsures », note la professionnelle. Selon elle, People & Baby n’a plus de prestataire de matériel de motricité ni de jouets de qualité, comme Wesco, en raison de problèmes de règlements. Les commandes de jouets sont inexistantes car People & Baby tarde à payer les fournisseurs », confirme une ancienne salariée du groupe. De même, la pédagogie censée être tournée vers l’art et la nature n’est pas appliquée. « C’est de la poudre aux yeux, tout est dans l’image, critique Justine. On organise des ateliers pour faire de belles photos. Pendant la journée, il peut y avoir une petite activité si la professionnelle est motivée, mais le reste du temps, les enfants errent dans l’espace ».

Une épidémie de mycose du siège

Si Justine n’a jamais vu de rationnement alimentaire pratiqué dans sa crèche, elle décrit toutefois des problèmes d’hygiènes graves. « L’année dernière on a eu une épidémie de mycose du siège chez les petits. Tous les enfants étaient touchés dans la même section parce que les gants de toilettes utilisés étaient usagés, ils étaient humides et lavés à 30 °C. Notre sèche-linge vétuste était en panne, dénonce-t-elle. Le discours qu’on devait tenir aux parents, c’était d’aller chez le médecin pour avoir un traitement et on faisait passer ce phénomène pour un cas isolé ».

Heureusement, ces pratiques ne se retrouvent pas partout et certains parents se révèlent même très satisfaits de leur expérience. Lise*, une mère parisienne, décrit une entreprise « mal gérée » du fait du jeune âge de la nouvelle directrice, mais assure que sa fille a toujours été épanouie. « Les professionnelles sont bienveillantes et je n’ai pas le sentiment que ma fille était livrée à elle-même », insiste-t-elle, tout en admettant que la crèche de la Samaritaine « est un peu la vitrine de People & Baby ».

Du côté du groupe, qui a évincé son président et fondateur Christophe Durieux, la direction se dit « profondément choquée par les pratiques décrites dans l’ouvrage » et affirme prendre « ces révélations extrêmement au sérieux dans un communiqué envoyé à 20 Minutes ce mercredi. « Depuis l’arrivée de Philippe Tapié à la présidence, il y a quatre mois, nous avons déjà entamé une transformation profonde de People & Baby. Cependant, nous savons qu’il est essentiel d’accélérer nos efforts. Nous nous engageons à agir sans délai pour corriger tout dysfonctionnement qui pourrait être identifié et garantir que notre organisation fonctionne selon les plus hauts standards de qualité et d’éthique », promet le groupe. Les révélations s’enchaînent depuis 2022 et la situation dans les crèches semble toujours aussi inquiétante.

*Le prénom a été modifié

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