Alors que s’apprête, ce mardi, à célébrer le 80e anniversaire de de la ville, le 3 septembre 1944, il n’y aura aucune de l’événement à . Et pour cause, la ville portuaire, contrairement aux autres communes françaises, n’a jamais été libérée par les troupes alliées avant la signature de l’armistice.

20 Minutes vous explique pourquoi en se basant sur un article intitulé Le siège de Dunkerque, un front oublié (1944-45) et publié sur . L’histoire est racontée en détail par Mathieu Geagea, ancien directeur du Mémorial Charles-De-Gaulle, à Colombey-les-Deux-Eglises.

La poche de Dunkerque

Si, parmi les épisodes de la , l’opération Dynamo de 1940 a été copieusement reprise par le cinéma, en revanche, le siège de Dunkerque en 1944 et 1945 est totalement tombé dans l’oubli. Retour en arrière.

Il y a quatre-vingts ans, Lille vient d’être libérée lorsque les troupes canadiennes sont envoyées sur les côtes nordistes pour débarrasser les ports nordistes des garnisons allemandes. Le 17 septembre 1944, les Canadiens finissent d’encercler ce qui deviendra la poche de Dunkerque. Cinq jours plus tôt, Le Havre est tombée, mais la ville fortifiée nordiste est tenue et commandée par un officier fanatique qui refuse de capituler : le vice-amiral Friedrich Frisius.

Dans le même temps, les observations aériennes ont permis de constater que le port de Dunkerque, détruit et ensablé, est inexploitable pour les Alliés. La conquête de la ville revêtait, dès lors, un enjeu stratégique mineur. Inutile de s’acharner sur cette poche.

Environ 800 civils restent dans la ville

A l’issue d’une trêve organisée début octobre 1944 entre les armées adverses, plus de 17.000 civils décident de quitter Dunkerque pour rejoindre les territoires libérés.

« Environ 800 vont, au contraire, faire le choix de demeurer à l’intérieur de la forteresse nazie. L’attachement à leurs modestes biens immobiliers ou la présence de personnes âgées au sein de la cellule familiale sont les raisons les plus courantes qui expliquent le comportement de ceux qui furent bientôt appelés : "les irréductibles" », raconte Mathieu Geagea.

En février 1945, des camps d’internement sont créés pour les civils restés dans la forteresse. La quasi-totalité finit parquée dans ces camps. Les Allemands soupçonnent des activités d’espionnage au sien de la population.

Soupçonnés de collaboration

Dans les journaux, des articles évoquent certaines poches comme Lorient ou La Rochelle. Jamais Dunkerque. A tel point qu’un article de presse rapporte la réaction d’une habitante d’Albi (Tarn) qui somme sa locataire dunkerquoise de rentrer « dans [s]on pays », « impatiente de louer son bien à des personnes capables de payer un loyer plus élevé », écrit l’historien.

Le vice-amiral Frisius lance une ultime offensive le 9 avril 1945. Les Allemands progressent de deux kilomètres. Le mois suivant, la Seconde Guerre mondiale est finie. Mais pour les civils dunkerquois, ce n’est pas encore la fin des problèmes. Il leur est interdit de rester chez eux, soupçonnés d’avoir pactisé ou collaboré avec l’ennemi.

Ils sont évacués pour subir, individuellement, un interrogatoire, « afin de connaître les raisons qui les avaient poussés à demeurer dans la poche ». « Sur les 600 civils, une cinquantaine environ fut maintenue sous surveillance par les autorités alliées, écrit encore Mathieu Geagea. Quelques-uns d’entre eux eurent à rendre des comptes aux cours de justice. »