«On demande des lits et des bras ! Une vraie politique, pas celle de la casse ! » Alors que le nouveau Michel Barnier a consacré son premier déplacement à la santé, en se rendant à l’hôpital Necker , la colère gronde dans de nombreux hôpitaux français. A Nantes, une intersyndicale doit s’élancer samedi, après un été jugé « catastrophique » par six syndicats qui ont décidé de parler d’une seule et même voix, lundi.

« Le ministre démissionnaire Valletoux a dit que c’était mieux cet été, alors qu’on assiste à un délitement complet du service de santé, déplore Jérémy Beurel, secrétaire général adjoint FO au CHU de Nantes. On est montés à 350 lits fermés au total au CHU de Nantes, des patients ont attendu des dizaines d’heures sur un brancard, il y a eu plusieurs morts [un par la direction du CHU, ndlr]… Est-ce vraiment acceptable ? »

Une cinquantaine d’hôpitaux en tension

Dans la région, la fermeture de nuit des urgences d’Ancenis mais aussi les difficultés qui perdurent (Mayenne) semblent avoir mis le CHU en surchauffe. Mais comme chaque été depuis plusieurs années, des situations problématiques ont été recensées ailleurs en France. A , un a par exemple été imaginé par des soignants, dénonçant des temps d’attente démesurés auxquels ont dû faire face des patients âgés. Au total, les urgences d'« une cinquantaine d’hôpitaux » français ont été jugées par manque de personnel. Et selon les la fédération hospitalière de France (FHF), 39 % des hôpitaux publics ont vécu une situation dégradée par rapport à l’été dernier.

« Ça explose aux urgences, mais c’est juste une vitrine : derrière, on a tous les autres services qui explosent eux aussi », poursuit Jérémy Beurel. Comme en gériatrie ou en pédiatrie, toujours selon l’avis des soignants nantais. « Au , il n’y a plus assez de lits en pédopsy ce qui fait que des enfants se retrouvent au milieu d’adultes, ils n’ont rien à faire là, illustre Antoinette Durand, pour Sud. D’autres sont renvoyés à domicile, faute de place. »

Fidéliser les soignants

Selon ces soignants, la situation des hôpitaux publics s’est encore dégradée depuis le Covid, où la crise avait éclaté au grand jour. « Il y a une demande qui a augmenté, avec des pathologies lourdes en forte hausse, alors qu’en face l’offre de soins baisse, avec un déficit des établissements qui se creuse », constate Gilles Latournerie, de la CFTC Santé sociaux.

Pour eux, en plus de dégager des moyens, c’est autour de l’attractivité du métier et la fidélisation des personnels qu’il faut vite trouver des solutions, alors que 1.500 postes d’internes ont été supprimés. « Le nombre de places augmente dans les formations en médico-social mais encore faut-il que les étudiants aillent au bout et restent dans le métier, poursuit Gilles Latournerie. Il y a un très gros turnover, à tel point qu’en en pleine nuit, il n’y a parfois aucun titulaire pour s’occuper des résidents. C’est inhumain. »

Les soignants s’inquiètent enfin du de certains médecins généralistes. « Le risque, c’est un système de santé à deux vitesses, alerte la CGT. C’est pour cela que les usagers doivent se battre avec nous plutôt que de regarder le chapiteau s’écrouler. » Selon la fédération hospitalière de France, l’hôpital public aurait besoin « de 2,4 milliards d’euros supplémentaires sur l’année 2024 » pour pouvoir assumer ses missions de service public.