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Tourisme : « Pas de différence avec les étés précédents ».. A Collioure, le timide effet du village préféré des Français Tourisme : « Pas de différence avec les étés précédents ».. A Collioure, le timide effet du village préféré des Français

Tourisme : « Pas de différence avec les étés précédents ».. A Collioure, le timide effet du village préféré des Français

Jean-Loup Delmas 22 Aug 2024,00:41

De notre envoyé spécial à Collioure (Pyrénées-Orientales),

Sur, la beauté d’un lieu se repère moins à la transparence de l’eau qu’à la difficulté de se garer. Plus les parkings sont pris d’assaut, plus l’écrin doit être magnifique. Collioure ne fait pas exception, et dès 10h00 du matin, trouver une place de voiture dans le centre révèle du miracle digne d’être notifié au .

Vincent, de "Anchois Roque Collioure", ne voit pas d'effet magique pour le moment - JLD/20 Minutes

Il serait facile pour le non-catalan d’y voir l’effet du récent prix de « » reçu par la bourgade en juillet. Mais dans les travées colorées du hameau, les locaux peinent à sentir le coup de baguette magique. « Depuis deux ans, on a même moins de gens que d’habitude », assène Vincent, dans l’institution Anchois Roque Collioure. Le poisson d’ici a beau être réputé, tout comme le village, la magie a ses limites. « Avec , les gens s’arrêtent moins, ils vont directement séjourner en . Il n’y a pas de péage, et l’essence est moins chère, la vie est moins chère, et les locations sont moins chères. Payer 2.500 euros la location ici, village préféré ou non… »

« Pas attendu ce titre pour faire le plein pendant l’été »

Un titre qui arrive de plus bien tard, le 12 juillet. « Les avaient déjà réservé. Personne ne va changer son séjour à Marseille ou en pour filer tout de suite à Collioure », estime-t-il. Pour Benjamin, venu en famille mettre ses doigts de pieds en éventails à la plage, « Ce prix n’a rien changé à notre choix destination. On avait planifié ça bien avant, et puis Collioure, c’est connu quand même. »

Une plage prise d'assaut dès le matin, mais rien de surprenant à Collioure - JLD/20 Minutes

Effectivement, depuis que le rouge du clocher, le bleu de la mer et le vert des vignes ont conquis Matisse et autres peintres fauvistes au début du siècle dernier, les couleurs du village ne cessent d’attirer les foules. « En été, on ne peut pas faire plus que ce qu’on a déjà », estime Charlotte, gérante de la Cave à Le Comptoir des filles. Il est 11 heures et on peut encore discuter assez pépère au comptoir avant que chaque terrasse du village se transforme en champs de bataille à touriste passé midi.

Des retombées espérées en basse saison

L’occasion de s’étendre donc un peu et de vanter la localité. Charlotte toujours : « On n’a pas attendu d’être village préféré des Français pour faire le plein ! » Pour les Colliourencs, de leur petit nom, ce prix, c’est un peu comme nommer Jean-Jacques Goldman chaque année en personnalité préféré des Français. C’est bien aimable, pas immérité, mais le gusse n’avait pas besoin de ça pour vendre des albums ou remplir les salles. Il en est de même ici, où pour tout habitué des étés dans les , devoir jouer des coudes pour passer dans une ruelle ou galérer à trouver une table pour manger le midi n’a rien de nouveau ni d’étonnant.

Le miracle espéré a aussi ses limites tactiques. « J’ai des habitués, des locaux et beaucoup d’Américains, de Néerlandais ou d’Allemands », énumère Cyril, au comptoir de Chez Simone. Soit une clientèle que l’émission de , aussi populaire soit-elle sur les TV française, ne va pas passionner.

Une actualité heureuse après la sécheresse

Même à l’office du , on nous l’assure : « La fréquentation n’a pas augmenté avec ce titre pour le moment », exception faite du feu d’artifice du 16 août, pour les fêtes de la Saint-Jean. Plus de 60.000 personnes étaient attendues dans un village qui, pour rappel, héberge moins de 3.000 âmes l’hiver. Hors saison, c’est justement là que les retombées sont espérées, lorsque la frénésie touristique s’estompe. Prolonger un peu la fête, et les retombées économiques. « En été, je suis plein, village favori ou pas », se vante Jérôme, en train de gérer les réservations de son hôtel-restaurant La Frégate. « Par contre, si ça peut faire venir plus de monde en novembre ou décembre, là, je prends. On verra bien ! »

Au restaurant "Le petit catalan", on l'assure, il y a un effet Village préféré ! - JLD/20 Minutes

Le sudiste étant de nature têtue, certains Colliourencs veulent quand même voir dès à présent un effet « Il y a autant de monde qu’il y a deux ans, mais plus que la saison dernière », s’enthousiasme Angela, au restaurant Le petit Catalan. Une actualité, cette fois heureuse, en aurait chassé une autre : « L’été dernier, les médias avaient matraqué les sujets sur la sécheresse, ce qui avait un peu plombé la saison touristique. Là, ça nous fait une bonne pub et on a retrouvé une fréquentation normale ».

« Les touristes ne montent pas jusqu’à nous »

On s’excuse piteusement de cette mauvaise couverture médiatique 2023 et on quitte le centre-ville qui s’asphyxie toujours plus de foule pour se perdre dans les hauteurs du village, là où résident les artistes, en hommage aux peintres fauvistes. De suite, l’animation y est moindre : « Il n’y a pas vraiment de changement pour nous depuis cette nomination. C’est un peu plus dur de se garer, mais c’est peut-être aussi à cause des travaux. Les touristes vont prendre des verres, se baigner et manger, la plupart ne montent pas jusqu’à nous », débattent à haute voix Valérie et Nadia, de l’Atelier Ô temps des artistes.

Pour Valérie et Nadia, l'effet principal du prix de Village préféré des français, c'est avant tout un parking plus galère - JLD/20 Minutes

Même analyse chez Cirillo, passé la porte de l’Atelier du Miradou : « Je suis installé ici depuis vingt-sept ans et il n’y a pas de différence avec les autres étés. » Seul changement : « Avant, toute œuvre trouvait preneur, désormais, les gens sont de plus en plus exigeants… ou avec de moins en moins argent ». On redescend en bord de mer pour retourner à notre voiture, l’occasion de croiser Bastien, catalan en terrasse : « C’est un été normal à Collioure. J’ai galéré à me garer et galéré à trouver une place. » Mais dans son assiette du midi, ni dessert ni boisson. La crise du pouvoir d’achat est bien là, et à Collioure, elle a assurément plus d’effet qu’un titre honorifique.

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