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Procès des viols de Mazan : Pourquoi des femmes ont-elles divulgué les noms et les photos des hommes accusés de viols ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison Procès des viols de Mazan : Pourquoi des femmes ont-elles divulgué les noms et les photos des hommes accusés de viols ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Procès des viols de Mazan : Pourquoi des femmes ont-elles divulgué les noms et les photos des hommes accusés de viols ?SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Elise Martin 11 Sep 2024,08:40

sont jugés par la cour criminelle du , pour des viols commis sur Gisèle Pélicot. , son ex-mari, , l’a droguée, laissée inconsciente puis livrée à ces hommes à leur domicile de Mazan.

Et depuis plusieurs jours les lites des « 51 » circule sur les réseaux sociaux. Le collectif des Amazones d’Avignon a été l’un des premiers à la partager, précisant, qu’en plus de ces 51 personnes, « 32 autres agresseurs n’ont pas été identifiés ». Depuis, d’autres associations comme Osez le féminisme 84 mais surtout des milliers d’anonymes sur Internet ont relayé cette liste avec comme commentaire principal : « Violeurs, on vous voit, victimes, on vous croit. »

« Qu’on pose enfin un visage sur ces hommes »

Marie* fait partie des personnes qui ont relayé cette liste sur X (ex-Twitter). « Je l’ai fait pour que la honte change de camp, dans le seul but de montrer aux gens que ces hommes sont bel et bien des ''Monsieur Tout-le-monde'', qu’on croise partout », souligne-t-elle. En plus de leur nom, elle a également republié leur photo. « Je souhaitais qu’on pose enfin un visage sur ces hommes », insiste-t-elle, précisant que ces clichés provenaient d’Internet et avaient été publiés par les personnes elles-mêmes. Mais lundi, les avocats d’accusés ont annoncé qu’ils allaient porter plainte. Des enfants de leurs clients « ont été pris à partie au sein de leur établissement scolaire, des épouses et proches ont été insultés, des appels téléphoniques malveillants reçus, avec tentatives d’intrusion à leur domicile », a indiqué l’avocate Isabelle Crépin-Dehaene, au nom de tous ses confrères.

« Les avocats des accusés tentent une silenciation »

« A aucun moment, on a appelé à la haine. On ne demande surtout pas aux personnes de faire justice elles-mêmes et encore moins de s’en prendre aux familles des accusés qui sont déjà des victimes, assure Blandine, membre des Amazones d’Avignon. Je ne comprends d’ailleurs pas comment la justice ne les protège pas davantage et laisse de potentiels violeurs continuer d’avoir la garde de leurs enfants. »

« Grâce au . La portée de ce procès, c’est qu’il va permettre à la société de prendre conscience des violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes. Et au même titre que les noms et prénoms de Gérard Depardieu ou de PPDA sont largement diffusés dans des affaires de violences sexuelles, il était important que ce soit aussi le cas pour ces 51 hommes », avance-t-elle encore rappelant que le collectif a « simplement diffusé une information publique, dévoilée par le tribunal ».

« Si on attend de la justice qu’elle condamne pour les nommer, on ne le fera jamais. Moins d’1 % des hommes accusés de viols sont condamnés. Là, on a toutes les preuves. On a des vidéos. Elle était . Si Gisèle Pélicot a été violée, c’est bien qu’il y a des violeurs, pointe encore Blandine. Et en déposant plainte, les avocats des accusés tentent une silenciation. On retourne la situation et on fait passer les agresseurs pour des victimes. C’est le monde à l’envers. »

Diffuser les noms ? « Prendre le risque de la violence »

Alors, que dit la loi à ce sujet ? Me Christophe Clerc rappelle à 20 Minutes qu’il n’est pas interdit de diffuser les noms des accusés : « Gisèle Pélicot ayant refusé le huis clos, ils comparaissent publiquement, selon le principe de publicité des débats. » L’avocat souligne cependant que, tant que les personnes poursuivies ne sont pas condamnées, elles bénéficient du principe de la présomption d’innocence - ce qui ne permet donc pas de qualifier, selon la loi, les accusés de « violeurs », par exemple.

Concernant la diffusion des noms sur les réseaux sociaux, l’avocat cite l qui punit jusqu’à « trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende » une personne qui révèle des informations d’une autre « aux fins de l’exposer ou d’exposer les membres de sa famille à un risque direct d’atteinte à la personne » et qu’elle « ne pouvait ignorer ».

Au tribunal pénal d'Avignon, le 9 septembre 2024. Dominique Pelicot y est jugé pour avoir drogué sa femme et ensuite invité des dizaines d'hommes à la violer pendant des années. Dominique Pelicot pourrait passer vingt ans en prison s'il est reconnu coupable. Le verdict est attendu fin novembre.  - E. Sapina/EFE/SIPA

« Evidemment, ceux qui listent ces noms sur les plateformes diront qu’elles n’ont pas pour but d’exposer à un risque d’atteinte à la personne mais ''d’informer''. On peut l’entendre. Mais les réseaux sociaux sont la forme moderne de la foule. C’est comme si l’on criait ''c’est lui, c’est lui'' à une foule légitimement en colère, avance alors le conseil. Peut-on ignorer le risque qu’une partie de cette foule veuille s’en prendre physiquement aux accusés ou à leur famille ? Donner en pâture ces noms pendant le procès, sans précautions, à ce stade de la procédure, c’est prendre le risque de la violence. » D’après l’avocat, cette méthode « occulte les vrais débats » de cette affaire.

« On a les yeux rivés sur eux »

C’est aussi ce que pense Elsa Labouret, porte-parole d’Osez le féminisme. L’association n’est pas à l’origine de cette démarche et n’a pas, selon Elsa Labouret, « donné cette consigne » à ses antennes locales. « Je comprends la colère, je comprends l’envie de montrer du doigt, admet la porte-parole. Mais je pense que cette démarche a plus de sens lorsqu’on est dans un déni de justice, dans le cas où des victimes ne sont pas entendues. Là, la démarche juridique est déjà engagée, le procès vient de commencer. »

Selon elle, la lutte des violences sexistes et sexuelles « ne doit pas forcément passer par la diffusion des noms » parce que les conséquences « peuvent être dommageables sur les familles mais aussi sur la démarche judiciaire ». « Quand on fait face à une affaire comme celle-ci, en procès jusqu’en décembre, il faut agir avec adresse et suivant les souhaits de la victime principale, madame Pélicot, qui a demandé de ne pas diffuser cette liste », lâche Elsa Labouret. Et la porte porte-parole d’Osez le féminisme de conclure : l’absence de huis clos est suffisante car les accusés « savent qu’on a les yeux rivés sur eux ».

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