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Affaire Pélicot : « Tout le monde mange côte à côte »… Juges, avocats ou accusés se côtoient à l’heure du déjeunerSportuneBébés et MamansMinutes Maison Affaire Pélicot : « Tout le monde mange côte à côte »… Juges, avocats ou accusés se côtoient à l’heure du déjeunerSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Affaire Pélicot : « Tout le monde mange côte à côte »… Juges, avocats ou accusés se côtoient à l’heure du déjeunerSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Alexandre Vella 12 Sep 2024,08:40

A Avignon, autour de la cour criminelle du Vaucluse

Un juge qui taille la bavette à deux tables d’un de « ses » accusés. Des avocats de la défense assis à côté de victimes. Et des journalistes au milieu de tout ça. Le , ouvert le 2 septembre dernier et prévu pour durer jusqu’au 13 décembre, transforme l’ambiance autour du tribunal . Il faut dire qu’avec la présence d’une centaine de journalistes accrédités, de 22 (sur 50) accusés qui
comparaissent libres, d’une quarantaine d’avocats et d’une poignée de parties de civiles, « l’ambiance » de ce procès hors norme déborde largement la salle des pas perdus.

« On sent qu’il y a de la tension, surtout vers 13 heures, avec des gens pressés, des gens soucieux », constate Youssef, qui tient la première brasserie sitôt sortie du tribunal et passé les remparts de la vieille Cité des Papes. Et si toute cette agitation le fait travailler « un peu plus que d’ordinaire », Youssef voit aussi le défilé des accusés le matin. « Certains ont honte, j’en vois un notamment tous les matins. Un jeune. Il est là tête basse, il prend son café caché dans son coin ; d’autres à l’inverse clament que ça va bien se passer ».

« On connaît tous de près ou de loin un accusé »

L’Avignonnais entend aussi tous les clients extérieurs au tribunal. « C’est clairement LE sujet. Et beaucoup d’hommes défendent la femme victime, s’étonne-t-il presque. Ça aurait été différent à une autre époque… » « D’autant plus qu’ici, on connaît tous de près ou de loin un accusé ou quelqu’un de sa famille. Et les familles ont honte », emboîte une habituée qui a longtemps travaillé dans des bars-tabacs du secteur. « Moi, ils n’ont pas trouvé mon IP », tente de blaguer un client fidèle accoudé au comptoir.

Dans le « salade bar » voisin, Isabelle sert souvent « les filles de la victime qui viennent chercher à emporter » et « Gisèle est venue deux fois en personne ». Isabelle est horrifiée. « C’est un monstre », tranche-t-elle à propos de Dominique Pélicot, affirmant qu’elle ne « veut pas connaître les autres accusés », histoire de « rester professionnelle » et de pouvoir continuer de les servir.

« L’avocate de l’accusé mange à côté de madame Pélicot »

« Je ne comprends vraiment pas comment c’est possible. Autant acheter une poupée gonflable, ou un bout de viande, si c’est pour faire des choses pareilles », avance encore la commerçante qui ne peut pas s’empêcher de tendre l’oreille : « Durant le service, on croise de tout, accusés, avocats, juges, tout le monde mange côte à côte. Vendredi dernier, l’avocate de l’accusé mangeait à côté de madame Pélicot. » Reste que les affaires sont les affaires. « Ça fait travailler, mais ce n’est pas non plus le festival d’Avignon », glisse Isabelle.

Et dans le quartier du tribunal, comme sans doute désormais dans la France entière, tout le monde à son avis sur la justice. « Pourquoi on a besoin de quatre mois pour juger quelqu’un comme ça ? Il n’y a pas besoin de tout ce temps pour se faire un avis », s’emporte un jeune cuisinier d’un restaurant proche qui s’est « fait surprendre le premier jour par l’affluence » et n’avait pas prévu assez de plats du jour. « D’ordinaire, en ce moment, c’est période creuse et on fait 10-15 couverts le midi, mais là c’est plus 40 à 50. »

« Le procès du siècle »

« Ça fait froid dans le dos, on se dit ça peut vraiment être n’importe qui », constate pour sa part Marie*. « Hier (mardi), on avait presque tous les avocats de la défense qui sont venus manger mais ils restent discrets. Alors nous, on pose quand même quelques questions pour essayer de se tenir au courant du procès. De toute façon, tout le monde ne parle que de ça et on se sent au cœur du sujet », explique la jeune serveuse.

Le public fait la queue pour assister au procès de Dominique Pélicot, le 10 septembre 2024. - Alain ROBERT/SIPA

Et puis il y a les affiches collées par un collectif féministe. « Qui ne dit mot, ne consent pas », trônait depuis l’ouverture du procès sur un mur visible depuis le parvis du tribunal. Il a été arraché depuis. , explique Béatrice*. « Sur la quinzaine que nous avons faits, il n’en reste plus qu’un », déplore la militante. « On la disait brisée, c’est une combattante, Gisèle », énonce le collage caché dans une ruelle large d’un mètre cinquante comme en connaissent toutes les vielles cités provençales exposées au soleil et au mistral.

Ce jour-là, Béatrice veille sur « son » collage et assure avoir été prise à partie par des accusés, « dans la rue, mais aussi dans la salle des pas perdus ». « Certains m’ont filmée », avance-t-elle, expliquant avoir été « tétanisée » le jour où elle a compris qu’elle faisait la queue devant les toilettes du tribunal avec certains des accusés. Un tribunal qui ne désemplit pas. Là, les places assises se font rares alors que le public est toujours plus nombreux. Dans la salle, des curieux, des proches venus « soutenir » discrètement des accusés mais aussi des étudiants en droit. « C’est quand même le procès du siècle », affirme une visiteuse… et une « affaire Pélicot » dont parlera encore longtemps Avignon.

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des personnes concernées.

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