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Notre-Dame de Bétharram : « Séquestré dans les toilettes, j’ai subi trois viols en réunion par des élèves »SportuneBébés et MamansMinutes Maison Notre-Dame de Bétharram : « Séquestré dans les toilettes, j’ai subi trois viols en réunion par des élèves »SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Notre-Dame de Bétharram : « Séquestré dans les toilettes, j’ai subi trois viols en réunion par des élèves »SportuneBébés et MamansMinutes Maison

Mickaël Bosredon 12 Sep 2024,16:40

C’est un nouveau volet de la tentaculaire affaire (voir encadré) de et au sein de l’institution catholique , près de (Pyrénées-Atlantiques). Adrien Honoré, 33 ans, a porté plainte cet été, non pas pour des actes subis par des surveillants ou des responsables de l’établissement, mais par des élèves lorsqu’il était lui-même interne dans l’établissement, accuse-t-il.

« J’ai intégré Bétharram en 2003, j’avais 12 ans », raconte le jeune homme, qui venait alors de déménager à (Gironde). « Nous arrivions d’Eure-et-Loir, j’étais un peu perdu après de nombreux changements d’, et mes parents ont pensé que j’avais besoin d’être recadré… ». Bétharram étant considéré à l’époque comme « une institution pour remettre les élèves au travail », Adrien Honoré démarre sa scolarité en classe de cinquième dans l’établissement catholique, malgré les quatre heures de car à effectuer le dimanche soir pour s’y rendre, et le vendredi pour rentrer à Bordeaux. Un bus qui était lui-même « une véritable zone de non-droit », dans lequel « de nombreuses violences » étaient commises.

« Un système carcéral »

Le jeune homme compare Bétharram « à un système carcéral, avec les surveillants qui surveillaient mais laissaient faire aussi beaucoup de choses ; ceux qui chapeautaient tout ; et les victimes. » C’est ainsi qu’il est « rapidement identifié comme bizuth », avec ses « lunettes à la Harry Potter », son « appareil dentaire et toujours un bouquin à la main ». « Les prédateurs ont très vite vu qu’il y avait la possibilité de faire quelque chose avec moi. » Selon son récit, cela démarre dès le mois d’octobre par « des violences verbales et physiques, du , des tabassages… »

Puis, « de novembre à janvier, j’ai vécu mes trois pires mois à Bétharram : j’ai été séquestré dans les toilettes, et j’ai subi trois en réunion - des fellations et une sodomie - par des élèves, des plus grands. » S’il lui arrive encore de « revivre le moment », le jeune homme dit ne pas se rappeler des visages et des noms. « Mon cerveau a sans doute essayé de me préserver de ce qu’il s’est passé. »

L’adolescent cherche alors à parler de ce qu’il vit à ses parents. « J’essaye de leur dire que ça se passe mal, mais je n’arrive pas à tout raconter. Et rapidement ils balaient cela, en m’expliquant que c’est pour me forger le caractère. Mais je ne leur en veux pas. » Idem avec le directeur de l’établissement, un laïc, raconte Adrien Honoré. « Il me dit qu’il va surveiller tout cela, mais rien ne se passe. En vérité, il trouvait cela normal. Je me souviendrai toute ma vie de cet homme qui a essayé de me briser. »

« J’ai fini par exploser »

Il y a eu aussi « des faits commis par des prêtres », accuse aussi le trentenaire. « Il y avait une maison de retraite à côté de Bétharram, où les prêtres vivaient, et où nous avions des ateliers scolaires auxquels ils participaient. Certains en profitaient pour venir se frotter à nous. Jusqu’au moment où l’un d’entre eux a introduit sa main entre mon pantalon et mon caleçon… Là je me suis défendu. »

Adrien Honoré décide une nouvelle fois d’en parler au directeur. « Il me répond que j’ai dû imaginer… Mais il comprend aussi que je n’ai pas peur de parler. C’est là qu’il se dit que je pouvais poser des problèmes, et décide de me renvoyer. » L’aubaine. « Sauf que mes parents sont intervenus pour que je reste, et j’y ai redoublé ma cinquième. Cela se passait mal entre eux, je voulais les protéger, alors je n’ai rien dit et j’ai accepté d’y retourner. »

L’année de trop. « J’ai fini par exploser, un jour où je me suis fait littéralement casser la gueule. » A partir de là, « j’ai décidé de réagir et de passer de persécuté à persécuteur. » Plutôt bien bâti, l’adolescent s’équipe d’une pala (raquette en bois pour jouer à la pelote basque), et s’en sert pour frapper à son tour ses agresseurs. « Par ailleurs, j’avais beaucoup de nourriture sur moi, et j’ai commencé à mettre en place un business, qui m’a rendu petit à petit indispensable. A partir de là, cela a été mieux pour moi. Mais les violences physiques ont duré près d’un an. » Adrien Honoré quitte finalement Bétharram pour intégrer un autre établissement catholique, sans histoire celui-là, en classe de quatrième. « Mais j’étais devenu violent, il a fallu que je me réacclimate socialement… »

« Pas une victime mais un survivant »

Après avoir enfoui durant plusieurs années les sévices qu’il a subis, Adrien Honoré fait « une grosse dépression en 2011 », suivie « d’une tentative de suicide médicamenteuse. » « J’ai survécu. C’est là que j’ai commencé à en parler à mes parents et que je me suis lancé dans un processus pour me reconstruire. Cela m’a pris huit ans de thérapie. » Si la plaie est refermée, la cicatrice est toujours là. « J’ai accepté ce qui m’est arrivé, je ne me considère pas comme victime mais comme survivant. Mais encore aujourd’hui, le bruit d’une chasse d’eau reste compliqué pour moi… »

S’il se souvient qu’à l’époque, il en voulait « à la terre entière », il considère aujourd’hui que « le plus grand responsable, c’est le directeur de l’établissement, puis les surveillants », conclut-il. C’est notamment pour cela qu’il a décidé de porter plainte. « J’ai vécu l’horreur là-bas et désormais, je veux que la peur change de camp. »

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