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Face à Flying Whales, les écolos pointent les risques quand la Nouvelle-Aquitaine sort les billetsSportuneBébés et MamansMinutes Maison Face à Flying Whales, les écolos pointent les risques quand la Nouvelle-Aquitaine sort les billetsSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Face à Flying Whales, les écolos pointent les risques quand la Nouvelle-Aquitaine sort les billetsSportuneBébés et MamansMinutes Maison

Elsa Provenzano 15 Sep 2024,16:40

Les zeppelins, ça fait rêver tout le monde, même les présidents de région. « Flying Whales est un projet exceptionnel de décarbonation du transport de charges lourdes (éoliennes, pylônes de haute tension, containers, aides humanitaires, hôpital mobile. etc.) qui va sortir des milliers de camions de la route », s’enthousiasme .

Connu pour sa passion de l’innovation technologique, le président (PS) de la région Nouvelle-Aquitaine s’est battu pour que , qui prévoit l’assemblage de dirigeables gonflés à l’hélium pour le transport de charges lourdes (jusqu’à 60 tonnes) à horizon fin 2027, s’installe dans sa région. On rembobine : en 2021, l’office national des forêts lance un appel pour résoudre un problème d’accessibilité dans certains massifs. Le marché mondial est estimé à 800 dirigeables et le business plan prévoit la production des premiers 60 engins en dix ans. Deux autres usines sont envisagées au Canada et en Australie. La Nouvelle-Aquitaine a versé sept millions d’euros d’aides depuis le lancement du projet et a investi dix millions d’euros au capital. Et si le projet s’arrête, « la région aura effectivement perdu ces dix millions », assume le président socialiste.

Des risques industriels très élevés, selon EELV

Cette subvention paraît pourtant démesurée au groupe écologiste : « est-ce qu’une région comme la nôtre a le droit de consacrer 17 millions d’euros à un seul projet, qui a reçu un avis défavorable de l’autorité environnementale et pour lequel les projections de marché sont incertaines ? », s’interroge Anne-Laure Bedu. Pour la membre EELV de la commission développement économique, la collectivité, qui a bien pour rôle d’épauler les entreprises et de favoriser la réindustrialisation à certaines conditions, n’a pas vocation à endosser des risques industriels si élevés.

Alain Rousset, lui, fait le parallèle avec l’invention des TGV, du Concorde ou de nouveaux médicaments : « si on ne le fait pas, personne ne le fera. Le développement économique est une des compétences de la Région. » Et pour l’entreprise Flying Whales, qui se présente comme lanceuse d’une filière internationale, la présence des pouvoirs publics est indispensable « car on est finalement un vecteur d’aménagement du territoire, comme le train, les ports ou la route », souligne son vice-directeur général, Vincent Guibout.

« Il y a une aversion du risque en France »

La promesse de dizaines d’entreprises de Nouvelle-Aquitaine qui travailleront pour développer et produire les équipements du dirigeable, avec des contrats sur vingt à trente ans, a aussi séduit Alain Rousset. « Il y a une aversion du risque en France, estime-t-il. On sait que 92 % des principes actifs des médicaments viennent de Chine et d’Inde. Imaginons des tankers arrêtés comme ça l’est aujourd’hui dans le canal de Suez ou pour passer le cap de Bonne espérance, que ferons-nous ? »

Si d’anciens employés ont émis des doutes sur des points techniques permettant la réalisation de ce transport de charges lourdes, , le vice directeur général de Flying Whales les balaie d’un revers de main : « le projet avance très bien techniquement et les derniers essais récents à Sadirac (Gironde) ont permis de lever des barrières technologiques. Et on a conclu 60 accords commerciaux avec de futurs clients tandis que les levées de fonds s’enchaînent. La prochaine aura lieu en 2025 en Australie et visera 150 millions d’euros. »

Avec une cinquantaine de partenaires « sérieux » comme Airbus, Safran ou Aéroports de Paris, l’entreprise n’a pas de doute sur le succès de son rayonnement à l’international dans les prochaines années. Si le développement et la certification seuls de Flying Wales à Laruscade (Gironde) sont estimés à la coquette somme de 500 millions d’euros, c’est ensuite plusieurs milliards d’euros qui seront brassés par l’opérateur Flying Whales Services. « 80 millions sur les 500 du programme proviennent de financement de nos partenaires. Ils viennent en mettant des fonds propres », précise Vincent Guibout.

Parmi ces capitaux, certains proviennent de grands groupes étrangers et le montage public privé envisagé est qualifié de « complexe », « ne permettant pas toujours la transparence », estime quant à elle Anne-Laure Bedu. En plus des doutes sur la pertinence de ce modèle d’exploitation forestière, elle regrette l’absence d’étude de marché : « nous n’avons eu que des éléments épars ».

Des risques pour l’environnement ?

En Gironde, l’usine des « Baleines flottantes » suppose 75 hectares d’emprise foncière dont 68 hectares à défricher. « L’autorité environnementale "recommande de reprendre la démarche d’évitement pour préserver ce réservoir de biodiversité", en clair de changer d’endroit, décrypte Anne-Laure Bedu. Le problème c’est que son avis et consultatif et que cela ne peut pas bloquer le projet. » Flying Whales assure avoir répondu à toutes les requêtes de l’autorité environnementale auprès de laquelle le dossier a été déposé de nouveau. « Le site a été compacifié et éloigné de la zone Natura 2000. Et, plus de 200 hectares de compensation sont prévus près de Laruscade », annonce Vincent Guibout. « La compensation, c’est vraiment le dernier recours. En matière écologique, un écosystème n’en vaut pas un autre », se désole l’élue EELV.

L’utilisation de l’hélium pour faire flotter les ballons fait aussi grincer des dents l’élue verte : « produit en Russie et en Algérie, c’est une ressource rare dont le prix a été multiplié par cinq en cinq ans. » Ce à quoi Flying Whales répond qu’il ne consomme pas ce gaz mais qu’il le « stocke dans un tissu développé, soit 14 poches, précise Vincent Guibout. Le gaz ne s’échappe et doit être renouvelé une fois tous les vingt ans, mais on l’entretient. »

Un prototype avait été annoncé aux élus de la région pour 2024, avant que finalement il ne soit plus question que d’essais… « On est dans le monde classique de l’aéronautique, qui fait des tests sous les sous-ensembles », assure le vice-directeur général de Flying Whales. De son côté, le groupe EELV craint que ce ne soit la « mutualisation des dettes et privatisation des profits » qui prévalent dans ce dossier où l’image d’une région qui se rêve défricheuse de filières est en jeu.

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